Demographers and alcoholism: From "social blight" to "health risk";Les démographes et l'alcoolisme: Du «fléau social»au «risque de santé»

Vingtieme Siecle: Revue d'Histoire

Volumn 95, Issue 3, 2007, Pages 93-113

  Berlivet, Luc ^a  

^a CIVC   (France)

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Alcoholism; Demographer; Health risk; Public health; Social plague

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EID: 77949972680     PISSN: 02941759     EISSN: None     Source Type: Journal    
DOI: 10.3917/ving.095.0093     Document Type: Review

References (99)

1. Voir, par exemple, Marc Boninchi, Vichy et l'ordre moral, Paris, PUF, 2005, p. 225-268
2. L'ouvrage de Magus Huss (Alcoholismus chronicus. Eller chronisk alcoholssjudkom) fut traduit en allemand dès 1852
3. Le terme d'alcoolisme apparut alors dans les dictionnaires médicaux, comme le Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales d'Émile Lancereaux (1865), avant d'être repris dans la première édition du Littré
4. Cf. Patricia E. Prestwich, Drink and the Politics of Social Reform : Alcoholism in France since 1870, Palo Alto, The Society for the Promotion of Science and Scholarship, 1988, p. 38
5. e siècle, Paris, Albin Michel, 1990, p. 178
6. Y compris aux États-Unis, malgré le rôle des institutions religieuses et l'importance conférée au «traitement moral»de l'alcoolisme ; cf. Sarah W. Tracy, Alcoholism in America : from Reconstruction to Prohibition, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2005
7. Voir, en particulier, Daniel Pick, Faces of Degeneration : A European Disorder, c. 1848-c. 1918, Cambridge, Cambridge University Press, 1989
8. Benedict-Augustin Morel et Valentin Magnan furent sans conteste les deux principaux protagonistes de ce débat ; voir Jean-Cristophe Coffin, La Transmission de la folie (1850-1914), Paris, L'Harmattan, 2003, p. 122-127
9. th century European Medicine and Psychiatry», Addiction, 4, 1984, p. 59-70
10. Michael Marrus livre des statistiques de consommation d'alcool en France pour la période 1901-1910 : 17 litres d'alcool pur per capita, contre 15 litres en Italie, 12,5 litres en Belgique et 11,5 litres en Suisse. (Michael Marrus, «Drinking in the Belle Époque», Journal of Social History, 7 (2), 1974, p. 115-141, p. 120-128
11. e siècle), Rennes, Éd. de l'ENSP, 1991, p. 54)
12. e siècle), 1991, op. cit., p. 64
13. e siècle jusqu'au lendemain de la deuxième guerre mondiale, voir Jean-Paul Gaudillière et Ilana Löwy (dir.), Heredity and Infection : Historical Essays on the Transmission of Human Diseases, Londres, Routledge, 2001
14. Sur la création de l'INH, voir Jean-François Picard, «Aux origines de l'INSERM : André Chevallier et l'Institut national d'hygiène», Sciences sociales et Santé, 21(1), janvier 2003, p. 5-24
15. et William H. Schneider, «War, Philanthropy, and the National Institute of Hygiene in France», Minerva, 41(1), mars 2003, p. 1-23. En 1964, l'INH incorpora les laboratoires créés sous l'égide de la Fondation Claude Bernard (instituée en 1952) et devint l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM)
16. La deuxième monographie publiée dans la série de l'INH est précisément le fait du directeur de la section de l'alcoolisme : Léon Dérobert, L'Économie de l'alcoolisme, Paris, ministère de la Santé publique/INH, 1953
17. Sur les conditions de la création de l'INED, voir Paul- André Rosental, L'Intelligence démographique. Sciences et politique des populations en France (1930-1960), Paris, Odile Jacob, 2003
18. Une grande partie de ses écrits sur l'alcoolisme furent repris ou même publiés de manière inédite dans les «Cahiers de l'INED, 29 et 41» : Sully Ledermann, Alcool, alcoolisme, alcoolisation, Paris, PUF, 2 vol., 1956 et 1964. On reviendra plus loin sur les tenants et les aboutissants de son modèle statistique, ainsi que sur les usages politiques dont il fit l'objet
19. Jacques Bertillon joua, sur ce thème, un rôle de médiateur d'autant plus légitime que sa compétence professionnelle de statisticien, spécialiste des causes de décès, se doublait d'un engagement ancien dans la lutte contre la «décadence»du pays. Voir, en particulier, Jacques Bertillon, L'Alcoolisme et les moyens de le combattre forgés par l'expérience, Paris, Lecoffre, 1904
20. Cf. Patricia E. Prestwich, L'Alcoolisme et les moyens de le combattre forgés par l'expérience, 1904.op. cit., p. 71-73
21. Didier Nourrisson, L'Alcoolisme et les moyens de le combattre forgés par l'expérience, 1904. op. cit., p. 236-237
22. Voir Jack D. Ellis, The Physicians-Legislators of France. Medicine and Politics in the Early Third Republic (1870-1914), Cambridge, Cambridge University Press, 1990, p. 208-213
23. Patricia E. Prestwich, The Physicians-Legislators of France. Medicine and Politics in the Early Third Republic (1870-1914), 1990, op. cit., p. 115-126
24. Sarah Howard, Les Images de l'alcool en France (1915-1942), Paris, CNRS éditions, 2006, p. 65
25. William H. Schneider, Quality and Quantity. The Quest for Biological Regeneration in Twentieth-Century France, Cambridge, Cambridge University Press, 1990, chap. 3 «From Puericulture to Eugenics»
26. e siècle), Paris, Seuil, 1995, p. 39-51
27. Robert Debré livre un récit succinct de «démarches»auprès de Daladier, puis de Reynaud, devenu président du conseil (Robert Debré, L'Honneur de vivre, Paris, Hermann, 1974, p. 398)
28. Paul-André Rosental, L'Honneur de vivre, 1974, op. cit., p. 28-31
29. Michel Chauvière, «L'expert et les propagandistes. Alfred Sauvy et le code de la Famille de 1939», Population, 46 (6), 1992, p. 1441-1451
30. Voir notamment Adolphe Landry, La Révolution démographique. Études et essais sur les problèmes de la population, Paris, Sirey, 1934, rééd. INED, 1982
31. Adolphe Landry id., L'Hygiène publique en France, Paris, Alcan, 1930
32. Dans l'attente de la publication des actes du colloque «Adolphe Landry, économiste, démographe et législateur (1874-1956)», Corte et Calvi, 3-6 septembre 1997
33. voir Alfred Sauvy, «Adolphe Landry», Population, 11(4), 1956, p. 609-620
34. Alain Girard, «Adolphe Landry et la démographie», Revue française de sociologie, 23 (1), 1982, p. 111-126
35. Robert Debré fréquentait Adolphe Landry depuis plusieurs années : Marie Landry, sa condisciple à la faculté de médecine, l'avait présenté à son frère (Robert Debré, L'Honneur de vivre, op. cit., p. 108, 197 sq.)
36. Il fit ensuite la connaissance de Sauvy, soit en 1934 comme le rapporte Sauvy, soit en 1937, selon la version de son fils (Alfred Sauvy, De Paul Reynaud à Charles de Gaulle. Un économiste face aux hommes politiques, Paris, Casterman, 1972, p. 10
37. Michel Debré, Trois Républiques pour une France. Mémoires, Paris, Albin Michel, 1984, vol.1, p. 92)
38. De son côté, Sauvy fréquentait Landry depuis la seconde moitié des années 1930, à tout le moins ; ce dernier l'introduisit auprès de Reynaud (Alfred Sauvy, La Vie en plus, Paris, Calmann-Levy, 1981, p. 51)
39. Voir Michel Chauvière, La Vie en plus, 1981, p.op. cit., p. 1448
40. Allocution radiodiffusée du maréchal Pétain, 13 août 1940, cité par Marc Boninchi, La Vie en plus, 1981, p.op. cit., p. 226
41. Patricia E. Prestwich, La Vie en plus, 1981, p.op. cit., p. 249-252, 256
42. En réalité, comme le souligne Paul-André Rosental, «l'éthos apolitique»de Sauvy le place en situation de frayer avec Vichy, aussi bien qu'avec des résistants et les autorités d'Alger. (Paul-André Rosental, La Vie en plus, 1981, p.op. cit., p. 123-128)
43. Voir Anne Simonin, «Le Comité médical de la Résistance : un succès différé», Le Mouvement social, 180, 1997, p. 159-178
44. Cf. Anne Simonin, L'Honneur de vivre, 223-250 op. cit
45. Bénédicte Vergez-Chaignon, «Comité médical de la Résistance», in François Marcot (dir.), Dictionnaire historique de la Résistance, Paris, Laffont, «Bouquins», 2006, p. 179-180
46. Robert Debré a en réalité produit deux textes distincts mais complémentaires : «Note sur la création et l'organisation d'un ministère de la Population et de l'Hygiè ne», et «Programme constructif de lutte contre l'alcoolisme», ainsi qu'un bref résumé d'un des volets de cette seconde note : «Lutte contre l'alcoolisme. Plan de Dix Ans»(Archives nationales 72AJ 247 ; un exemplaire de la première note précisant sa date de réception à Londres se trouve également en AN 3AG2 419). Lion Murard, qui a le premier retrouvé ce document, propose une très intéressante analyse des différents projets de réorganisation de la santé publique débattus au sein de la Résistance, des réactions qu'ils suscitèrent et des difficultés rencontrées dans leur mise en oeuvre (Lion Murard, «Les médecins de la santé publique en France (1866-1945)», in Pierre-Henri Bréchat, Emmanuelle Salines et Christophe Segouin (dir.), Médecins de santé publique, Rennes, Éd. de l'ENSP, 2006, p. 25-139)
47. Robert Debré, Médecine, santé publique, population, Paris, Éd. du médecin français, 1944
48. Robert Debré et Alfred Sauvy, Des Français pour la France. Le problème de la population, Paris, Gallimard, 1946
49. Le chapitre 13 de l'ouvrage, «Les habitudes alcooliques en France»(p. 129-141), présente un diagnostic du problème établi avec le concours du Pr. [Louis] Justin-Besançon, auquel répond le chapitre 18 «Lutte contre l'alcoolisme»(p. 205-213), rédigé avec l'aide de Jean de Nadaillac
50. Debré ne craint pas de subordonner son champ disciplinaire à ce projet plus vaste, comme en atteste la montée en généralité qui sous-tend le titre même de la publication, Médecine, santé publique, population
51. Les auteurs réitèrent (pour un plus vaste lectorat) l'exigence d'«une politique agricole et industrielle visant à employer l'alcool du vin médiocre et une partie de l'alcool de fruits comme on emploie l'alcool de betterave, c'est-à-dire autrement qù la consommation humaine». (Robert Debré et Alfred Sauvy, Médecine, santé publique, population.op. cit., p. 205, 207)
52. La suggestion apparaît rétrospectivement d'autant plus ironique que c'est Robert Debré qui, un peu moins de dix ans plus tard, mit en relation son neveu Daniel Schwartz (polytechnicien et ingénieur des tabacs) et le cancérologue Robert Denoix. Leur collaboration connut sa première concrétisation dans l'enquête française sur le lien entre tabagisme et cancer du poumon. Cf. Luc Berlivet, «"Association or Causation ?" The Controversy over the Scientific Status of "Risk Factor" Epidemiology c. 1947-c. 1965», in Virginia Berridge (dir.), Making Health Policy : Networks in Research and Policy after 1945, Amsterdam, Rodopi, p. 39-74
53. La prescription reste d'actualité bien après la Libération, jusque dans la doctrine du gouvernement Mendès France : «La dose quotidienne "permise" par les hygiénistes peut être évaluée, selon les estimations raisonnables de l'Académie de médecine, à un chiffre variant entre un demi et un litre de vin à 11° par jour, pour un homme adulte.»(Cf. Présidence du Conseil, Éléments d'une politique de lutte contre l'alcoolisme (octobre 1954), archives de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie, dossier T.12 (2), p. 6) Rappelons également que «Jamais plus d'un litre de vin par jour»fut précisément l'un des deux slogans les plus populaires du Haut Comité d'étude et d'information sur l'alcoolisme (HCEIA), créé à l'instigation de Mendès France et présidé par Robert Debré (voir infra), à égalité avec : «Boire bon, boire peu, pour boire longtemps.»
54. Robert Debré, Médecine, santé publique, population, op. cit., p. 45
55. Paul-André Rosental remarque que ce rejet du « moralisme»marque également les dispositions du rapport Debré qui concerne la politique nataliste (Paul-André Rosental, Médecine, santé publique, population, op. cit., p. 87)
56. Cf. AN 72AJ 247, respectivement : note sur le projet D. concernant la création d'un grand ministère à la Population et à l'Hygiène (p. 1) et note sur le projet D. concernant l'alcoolisme et la lutte antialcoolique (p. 2), toutes deux signées J
57. Entre la seconde moitié des années 1940 et la fin de la décennie suivante, Debré joua un rôle de premier plan dans la pérennisation et le redéploiement de l'Institut national d'hygiène ; la «biomédicalisation»de la recherche française (cf. Jean-Paul Gaudillière, Inventer la biomédecine : la France, l'Amérique et la production des savoirs du vivant (1945-1965), Paris, La Découverte, 2002, p. 201-215 passim) ; la création, avec l'appui des Nations unies, du Centre international de l'enfance
58. et, enfin, la réforme de 1958, qui réorganisa totalement les rapports entre enseignement médical, services hospitaliers et recherche clinique (cf. Haroun Jamous, Sociologie de la décision : la réforme des études médicales et des structures hospitalières, Paris, CNRS éditions, 1969)
59. Alfred Sauvy, «L'INED a 25 ans», Population, 6, 1970, p. 1163-1178, en particulier p. 1164
60. Paul-André Rosental, L'INED a 25 ans, Population, op. cit., p. 128-134
61. Sur la «Fondation Carrel», voir Alain Drouard, Une inconnue des sciences sociales : la Fondation Alexis Carrel (1941-1945), Paris, Éd. de la MSH, 1992
62. Andrès Reggiani, God's Eugenicist : Alexis Carrel and the Sociobiology of Decline, New York, Berghahn Books, 2006, chap. 6 et 7
63. Cf. Paul-André Rosental, God's Eugenicist : Alexis Carrel and the Sociobiology of Decline, op. cit., p. 143-146
64. Georges Letinier, «Élements d'un bilan national de l'alcoolisme», Population, 1(2), 1946, p. 317-328
65. On suit ici l'ordre d'énumération adopté par Sully Ledermann dans un développement visant à resituer sa contribution propre dans le fil «des travaux et enquêtes menées antérieurement ou parallèlement aux nôtres». (Sully Ledermann, Élements d'un bilan national de l'alcoolisme», Population, 1946, p. 2), op. cit., vol.2, p. 15)
66. Voir Paul-André Rosental, Élements d'un bilan national de l'alcoolisme, Population, 1946, p. 2), op. cit., p. 148 sq., et les nombreuses notes p. 321-324
67. Voir la discussion des recherches menées par Eugène Aujaleu, Léon Dérobert et Georges Pequignot, «Enquête sur l'évolution et le coût de l'alcoolisme en France de 1938 à 1948», Population, 5 (2), 1950, p. 388
68. Léon Dérobert, «L'économie de l'alcoolisme», op. cit., Population, 8 (4), 1953, p. 803-804
69. L'introduction rédigée par Alfred Sauvy fut également publiée dans Population, 11 (3), 1956, p. 531-540, p. 533
70. Henri Géralin, «Le problème de l'alcoolisme dans les territoires d'outre-mer», Population, 8 (2), 1953, p. 291-310
71. Henri Géralin, id., «Alcoolisme et alimentation outre-mer», Population, 8 (4), 1953, p. 770-773
72. Henri Géralin, id., «Le plan et la lutte contre l'alcoolisme outre-mer», Population, 10 (1), 1955, p. 145-148
73. On lui doit les tables de mortalité type, dites «tables de Ledermann»: Sully Ledermann, Nouvelles tables-types de mortalité, Paris, PUF, «Cahiers de l'INED, 53», 1969 (posthume)
74. Sully Ledermann et Frédéric Tabah, «Nouvelles données sur la mortalité d'origine alcoolique», Population, 6 (1), 1951, p. 41-58, p. 42
75. Sully Ledermann, «Une évaluation du nombre des alcooliques en France depuis 1945», Population, 7 (2), 1952, p. 227-236
76. Cf., en particulier, Sully Ledermann «L'alcoolisation excessive et la mortalité des Français», Le Concours médical, 16, 17, 18 et 19, des 18 et 25 avril, et des 2 et 9 mai 1953
77. Sully Ledermann id., «Cancer, tabac, vin et alcool», Le Concours médical, 11 et 12, des 12 et 19 mars 1955
78. Sully Ledermann fut notamment expert auprès de l'Organisation mondiale de la santé. Voir Jean-Bourgeois Pichat, «Sully Ledermann», Population, 22 (2), 1967, p. 187-192
79. Ces statistiques furent publiées en 1956 dans Sully Ledermann, Alcool, alcoolisme, alcoolisation, op. cit., vol.1
80. Alfred Sauvy, L'Opinion publique, Paris, PUF, 1956. Cet ouvrage connut sept rééditions jusqu'en 1979
81. Voir Patrick Champagne, Faire l'opinion. Le nouveau jeu démocratique, Paris, Minuit, 1990, p. 78-83
82. et, plus généralement, Loïc Blondiaux, La Fabrique de l'opinion, Paris, Seuil, 1998
83. Henri Bastide, «Une enquête sur l'opinion publique à l'égard de l'alcoolisme», Population, 9 (1), 1954, p. 13-42
84. citation, p. 13. L'idée était de «mesurer» l'évolution de l'opinion intervenue depuis 1948, date d'une première enquête : Marcel Bresard, «L'opinion du public sur l'alcoolisme», in Cinq Enquêtes sociales, Paris, PUF, «Cahier de l'INED, 9», 1950, p. 111-144
85. Cf. «Le plus lourd des impôts : l'alcool», Combat, 10 mai 1956
86. voir le compte rendu de la même réunion «La lutte contre l'alcoolisme : économistes, médecins et sociologues ont confronté leurs expérience», Le Monde, 11mai 1956
87. «Le plus lourd des impôts : l'alcool», op. cit
88. Georges Malignac, L'Alcoolisme, préf. d'Alfred Sauvy, Paris, PUF, 1954
89. Georges Malignac, Id., «Délinquance juvénile et alcoolisme», Population, 8 (3), 1953, p. 592-594
90. Posture congruente avec la conception des rapports entre science et recherche défendue par Sauvy. Voir Paul- André Rosental, Délinquance juvénile et alcoolisme, Population, 8 (3), 1953, p. 592-594.op. cit
91. Le souci d'intervenir en ce sens, manifeste dès la formation du gouvernement Mendès France en juillet 1954 (cf. le débat précédant le vote de la loi d'habilitation du 14 août), se trouva réaffirmé dans un discours de septembre 1954 : Pierre Mendès France, «La reconversion de l'économie française et le problème de l'alcool. Discours prononcé à l'inauguration de la foire-exposition d'Annecy, 26 septembre 1954», in Pierre Mendès France, Œuvres complètes, vol. 3 : Gouverner c'est choisir (1954-1955), Paris, Gallimard, 1986, p. 348-355
92. Encore Michel Debré fut-il contraint d'y revenir par trois fois entre décembre 1959 et août 1960. Sur les différents débats politiques relatifs au privilège des bouilleurs de cru dans les années 1950 et 1960, voir Luc Berlivet, «Une santé à risque. La lutte contre l'alcoolisme et le tabagisme en France (1954-1999)», thèse de doctorat, université Rennes-I, 2000, p. 325-337
93. Alfred Sauvy plaida pour étendre le champ des travaux sur l'alcoolisme : voir, par exemple, CAC 19940020/1, lettre de Sauvy à Barjot, 4 octobre 1955. Sans détailler ici l'ensemble des investigations menées par des chercheurs de l'INED, précisons que les thèmes abordés dès 1946 furent explorés plus avant, avec des moyens renforcés, et que certains chercheurs acceptèrent de produire des recherches «appliquées»visant à fournir au HCEIA des arguments scientifiques directement utiles à la légitimation de son action politique. C'est notamment le cas de cette enquête dont il est dit qu'elle «jette pour la première fois quelque lumière sur la responsabilité [sanitaire] exacte du privilège [des bouilleurs de cru]»: Sully Ledermann, Jacques Trivas et Nguyen Hong, «Privilège des bouilleurs de cru et internement en milieu rural», Population, 13 (3), 1958, p. 407-432, p. 407
94. CAC 19940020/21, lettre de Sully Ledermann à Léon Fleck, 3 février 1961. Sur l'engagement indéfectible, depuis les années 1930, de l'association «Les médecins amis du vin»de Bordeaux dans la défense des vertus médicinales des produits du vignoble local, voir Harry Paul, Bacchic Medicine : Wine and Alcohol Therapies from Napoleon to the French Paradox, Amsterdam, Rodopi, 2001
95. Robert Debré, «Préface», in Alfred Sauvy, Alcool, alcoolisme, alcoolisation, op. cit., vol. 2, p. 13
96. Robert Debré, Alcool, alcoolisme, alcoolisation, Ibid., p. 124 (souligné dans le texte)
97. Sur cette controverse, voir Luc Berlivet, «Une santé à risque...», op. cit., p. 185-196
98. L'avis du Haut Comité de la santé publique (rendu en 1994, soit après que la controverse autour des travaux de Ledermann a gagné la France) témoigne bien de la prégnance de cette problématisation : «Si l'on retient l'hypothèse qu'il existe une relation étroite entre le nombre de buveurs excessifs et la consommation moyenne d'alcool, une réduction de la consommation globale devrait entraîner une réduction de la consommation excessive et de ses conséquences sanitaires et sociales.»(Haut Comité de la santé publique, La Santé en France. Rapport général, Paris, La Documentation française, 1994, p. 279)
99. Cf. Jean Bernard, L'Alcoolisme. Rapport au président de la République, Paris, La Documentation française, 1980, particulièrement p. R19