Beyond the decline : Difficulties, rationalization and reinvention of strike in the confederal strategies of French trade unions;Au-delà du déclin difficultés, rationalisation et réinvention du recours à la grève dans les stratégies confédérales des syndicats

Revue Francaise de Science Politique

Volumn 56, Issue 6, 2006, Pages 943-968

  Giraud, Baptiste ^a  

^a UNIVERSITÉ PARIS 1 PANTHÉON SORBONNE   (France)

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EID: 34648873298     PISSN: 00352950     EISSN: None     Source Type: Journal    
DOI: 10.3917/rfsp.566.0943     Document Type: Article

References (56)

1. On songe de ce point de vue notamment aux nombreux travaux d'Alain Touraine et de ses collègues (François Dubet, Michel Wieviorka) qui, à partir de l'analyse des mouvements étudiants, régionalistes ou anti-nucléaires qui émergent dans les années 1960 et 1970, ont cherché à mettre à jour un nouveau mouvement social appelé à prendre la place centrale qu'occupait le mouvement ouvrier dans la conflictualité sociale propre à la société industrielle.
2. Parmi l'imposante littérature consacrée à cette thématique et les différentes approches dont elle a fait l'objet, citons notamment Pascal Perrineau (dir.), L'engagement politique, déclin ou mutation?, Paris, Presses de Sciences Po, 1993
3. Jacques Ion, La fin des militants?, Paris, Les éditions de l'Atelier, 1997 ; « Crise de la politique et nouveaux militants », Mouvements, 3, 1999
4. Isabelle Sommier, Le renouveau des mouvements contestataires, Paris, Flammarion, 2003.
5. Maximos Aligisakis, « Typologie et évolution des conflits du travail en Europe occidentale », Revue internationale du travail, 136 (1), 1997, p. 79-101.
6. DARES, « Les conflits du travail en 2002 et 2003 », Premières Synthèses, 18 (4), mai 2005.
7. Stéphane Sirot, La grève en France, Paris, Odile Jacob, 2002, p. 56-58.
8. On reprend ici la distinction opérée par la DARES comme par la Direction des relations du travail : sont considérées comme journées d'action nationale les mouvements de grève qui résultent d'un mot d'ordre syndical interprofessionnel ou bien concernant l'ensemble d'un secteur professionnel. A contrario, les conflits localisés désignent les grèves spécifiques à un ou plusieurs établissements d'une entreprise particulière. Cela ne signifie pas pour autant qu'il soit possible ni opportun de chercher à distinguer, dans le cadre d'un conflit interprofessionnel, des enjeux nationaux d'enjeux locaux tant, comme nous le verrons, ces motifs se nourrissent et s'imbriquent mutuellement dans la pratique.
9. Sophie Camard, « Comment interpréter les statistiques des grèves? », Genèses, 47, juin 2002, p. 107-122. à partir d'un recoupement entre les données du ministère du Travail et celles recueillies dans le cadre de l'enquête « Relations professionnelles et négociations d'entreprise » de 1993 menée par la DARES auprès de 3 000 établissements (hors fonction publique et agriculture), Delphine Brochard a pu établir que près de la moitié des jours de grève échappent au dispositif de recueil annuel des JINT : Delphine Brochard, « évaluation des statistiques administratives sur les conflits du travail », Documents d'études de la DARES, 79, novembre 2003.
10. Dominique Andolfatto, Dominique Labbé, « La transformation des syndicats français », Revue française de science politique, 56 (2), avril 2006, p. 281-297, dont p. 283.
11. Jean-Michel Denis, « Le conflit en grève? Quelques éléments de synthèse », dans Jean-Michel Denis (dir.), Le conflit en grève, Paris, La Dispute, 2005, p. 291-341.
12. Dans une perspective similaire, Olivier Fillieule a pu également démontrer que la pratique manifestante reste très largement liée à des revendications matérielles et à des mobilisations syndicales : Olivier Fillieule, Stratégies de la rue. Les manifestations en France, Paris, Presses de Sciences Po, 1997.
13. Dominique Andolfatto, Dominique Labbé, art. cité, p. 293. Sans être aussi catégorique, c'est aussi ce que suggère Stéphane Sirot, lorsqu'il note que, à partir des années 1980, « les tentatives de relance de la négociation collective et une propension à la "judiciarisation des conflits" participent sans doute également du recul de l'activité gréviste » (Stéphane Sirot, op. cit., p. 35).
14. Différentes enquêtes de la DARES ont ainsi montré que c'est précisément dans les établissements où le plus grand nombre d'accords est négocié et conclu avec les organisations syndicales que se retrouve le plus grand nombre de conflits. Cf. par exemple, Michel Cézard, Anna Malan, Patrick Zouary, « Conflits et régulation sociale dans les établissements », Travail et Emploi, 66, 1996, p. 19-33.
15. Charles Tilly, From Mobilization to Revolution, New York, Random House, 1978 ; Pierre Favre (dir.), La manifestation, Paris, Presses de Sciences Po, 1990 ; Johanna Siméant, La cause des sans-papiers, Paris, Presses de Sciences Po, 1998 ; Olivier Fillieule, op. cit. ; Jean- Gabriel Contamin, La pétition. Contribution à une sociologie des usages pluriels des formes de mobilisation, thèse de doctorat de science politique, Paris, Université Paris 1, 2001 ; « Pratiques protestataires », Genèses, 59, juin 2005.
16. De ce point de vue, on s'inscrit pleinement dans la posture de recherche selon laquelle « l'évolution des pratiques militantes (qu'il ne s'agit bien évidemment pas de nier) ne devrait ainsi pas tant être comprise comme un surgissement d'inédit que resituée dans un contexte dont les transformations, en affectant spécialement les coûts, risques et ressources de l'engagement, en rendent certaines formes davantage accessibles, visibles ou valorisantes que d'autres » : Lilian Mathieu, Comment lutter?, Paris, Textuel, 2004, p. 85.
17. Et nous sommes en particulier pleinement conscients que les enjeux, les contraintes et les ressources qui gouvernent les usages de la grève dans les innombrables conflits localisés répondent à des logiques en partie spécifiques à chacune des configurations dans lesquelles ils s'inscrivent et des entrepreneurs syndicaux qui en sont les protagonistes.
18. Notre étude s'inscrit dans un travail de thèse en cours sur les usages contemporains de la pratique gréviste en France. Pour cet article, notre corpus de recherche repose avant tout sur une série d'entretiens et d'observations réalisés entre juin 2003 et septembre 2005 auprès de responsables confédéraux de la CGT, mis en perspective avec quelques autres entretiens que nous avons pu mener auprès de représentants de la CFDT ou bien de responsables aux différents échelons locaux ou professionnels de ces organisations. La délimitation de ce corpus, dans le cadre nécessairement restreint de cette contribution, tient à la position centrale occupée par la CGT dans l'univers syndical français, ainsi que par les acteurs étudiés au sein de cette même organisation. Ces derniers sont en effet membres de « l'espace revendicatif » confédéral de la CGT. Non élus, ces « conseillers confédéraux » sont recrutés pour soutenir les instances confédérales (Bureau confédéral et Commission exécutive) dans l'élaboration et la mise en œuvre des activités « revendicatives » de la confédé ration. à ce titre, ils participent aux différentes négociations interprofessionnelles et siègent dans de multiples dispositifs de concertation (Commission nationale de la négociation collective, Comité d'orientation des retraites...). Parallèlement, leur rôle consiste en l'animation et la coordination du travail militant des structures de la CGT sur ces enjeux de négociation par la diffusion de matériels militants ou par l'organisation de journées de formation. Ces acteurs se situent donc au cœur de la définition des stratégies d'action confédérales. Cela ne signifie bien évidemment pas que nous traitons ces protagonistes de façon isolée. D'une part, en effet, les modes de fonctionnement quotidien de cette organisation apparaissent comme relativement identiques aux autres structures syndicales. D'autre part, nous nous employons à restituer l'analyse de leurs stratégies d'investissement de la grève en les confrontant aux points de vue et pratiques des autres organisations syndicales (FO, SUD, UNSA...), recueillis sur la base d'un corpus de documents internes et d'articles de presse relatifs aux conflits qui nous intéressent. En envisageant ainsi notre terrain d'étude, notre ambition est donc bien de dégager l'espace des contraintes, des ressources et des dispositions différenciées qui structurent les usages confédéraux possibles de la grève.
19. Olivier Fillieule, op. cit. ; Jean-Gabriel Contamin, op. cit.
20. Edward Shorter, Charles Tilly, Strikes in France (1830-1968), Cambridge, Cambridge University Press, 1974
21. Michelle Perrot, Les ouvriers en grève, Paris, Mouton, 1973.
22. En 2002 et en 2003, seuls 10 % des arrêts de travail sont intervenus en dehors de toute intervention syndicale, que ce soit dans l'initiative de l'action ou dans son déroulement : DARES, « Les conflits du travail en 2002 et 2003 », op. cit.
23. Michel Dobry, « Calcul, concurrence et gestion du sens », dans Pierre Favre (dir.), La manifestation, Paris, Presses de Sciences Po, 1990, p. 357-386 dont p. 363.
24. Sur ces différents aspects de la transformation des univers professionnels, cf. notamment : Danièle Linhart, La modernisation des entreprises, Paris, La Découverte, 1994 ; Stéphane Beaud, Michel Pialoux, Retour sur la condition ouvrière. Enquête aux usines Peugeot de Sochaux-Montbelliard, Paris, Fayard, 1999 ; Paul Bouffartigue (dir.), Le retour des classes sociales?, Paris, La Dispute, 2004.
25. Les effectifs syndicaux globaux se sont désormais stabilisés autour de 8-9 % de la population active. La fonction publique, avec un taux de syndicalisation légèrement supérieur à 15 %, représente la moitié des salariés affiliés à une organisation syndicale. En revanche, ce taux chute à 5 % dans les entreprises du secteur privé. Il apparaît particulièrement bas dans les petits établissements de moins de 50 salariés ou dans des secteurs comme celui du commerce (2, 5 %), largement dépourvus de tradition syndicale et soumis à un rythme de rotation élevé des salariés. Enfin, 40 % des salariés déclarent qu'un syndicat est présent sur leur lieu de travail. Cf. DARES, « Mythes et réalités de la syndicalisation en France », Premières Synthèses, 44 (2), octobre 2004.
26. Tous les extraits d'entretiens cités ont été réalisés avec des responsables confédéraux des organisations syndicales mentionnées.
27. à l'inverse, en offrant la possibilité de modes d'engagement plus ponctuels ou plus accessibles à des individus isolés, les registres pétitionnaires ou manifestants apparaissent, de ce point de vue, moins contraignants face à la dispersion des forces militantes. Cf. Jean-Gabriel Contamin, op. cit.
28. On peut de ce point de vue évoquer la démultiplication des arènes institutionnelles à l'intérieur des entreprises (délégués du personnel, comité d'entreprise, comité d'hygiène et de sécurité), mais aussi des dispositifs de concertation des « partenaires sociaux » au niveau régional (Conseil économique et social régional) ou national (Comité d'orientation des retraites, Haut Conseil de la Sécurité sociale...). Mais l'on pourrait tout aussi bien souligner les difficultés auxquelles se heurtent les permanents des unions locales dans leur rôle d'animation et de contrôle des structures syndicales locales en raison même de la démultiplication du nombre de petites entreprises et d'établissements, sous l'effet de la restructuration du secteur industriel et du développement du secteur tertiaire.
29. Charles Tilly, op. cit.
30. Bert Klandermans, « Mobilization and Participation : Social-Psychological Expansions of Resource Mobilization Theory », American Sociological Review, 49, 1984, p. 583-600.
31. Jean-Gabriel Contamin, « Le choix des armes : les dilemmes pratiques d'un mouvement de doctorants et le modèle des avantages comparatifs », Genèses, 59, 2005, p. 4-24.
32. Dominique Labbé estime ainsi que le phénomène actuel d'institutionnalisation des organisations syndicales a conduit par exemple à la multiplication par cinq des permanents nationaux de la CGT entre 1965 et 1985, tandis que l'organisation perdait 70 % de ses adhé- rents. Cf. Dominique Labbé, Syndicats et syndiqués en France depuis 1945, Paris, L'Harmattan, 1996.
33. Il faudrait notamment évoquer les effets de démoralisation militante qu'a pu générer au sein des adhérents de la CGT l'issue du conflit des retraites l'année précédente, qui a été largement vécue comme un échec.
34. Denis Ségrestin, « Les communautés pertinentes de l'action collective », Revue française de sociologie, 21, 1980, p. 171-203.
35. Johanna Siméant, La cause des sans-papiers, op. cit., p. 299.
36. Dans les documents militants, de nombreux tableaux s'attachent à décortiquer les effets de la modification des règles de calcul du montant des retraites. Ils présentent par exemple comment l'augmentation du nombre d'années travaillées retenues pour le calcul de la pension (25 ans au lieu de 10) contribue à faire chuter le taux de remplacement, c'est-à-dire la part du salaire d'actif versé à la retraite.
37. Enseignant intervenant à l'assemblée générale des salariés de l'éducation nationale de l'Ile-de-France, Bourse du Travail, Paris, 2 juin 2003.
38. Michel Dobry, Sociologie des crises politiques, Paris, Presses de Sciences Po, 1986.
39. Tous les tracts des fédérations de l'éducation nationale recueillis dans les cortèges manifestants font ainsi toujours référence d'abord à la lutte contre le projet de loi « Fillon » sur la décentralisation de certains personnels des écoles publiques, avant d'évoquer le dossier des retraites lui-même.
40. « Les autres dossiers qui fâchent », Libération, 15 mai 2003.
41. Le gouvernement était alors en train de préparer un projet de loi visant à « assouplir » les contraintes des lois Aubry encadrant les modalités de réduction de la durée légale du temps de travail hebdomadaire à 35 heures.
42. Sur l'importance des dynamiques externes et internes au groupe mobilisé qui pèsent sur le choix des modes d'action envisagés, cf. Sydney Tarrow, « Cycles of Collective Action : Between Moments of Madness and the Repertoire of Contention », dans Mark Traugott (ed.), Repertoires and Cycles of Collective Action, Duhram, Duke University Press, 1995 ; Jean- Gabriel Contamin, op. cit., p. 558-584.
43. « Le projet de loi Fillon a bousculé le paysage syndical », Les échos, 17 juin 2003.
44. échange de courrier entre les secrétaires généraux de la CGT et de SUD.
45. Le terme de « recentrage » est en réalité celui qu'utilisent les concurrents syndicaux, notamment cégétistes, pour critiquer la réorientation de la CFDT qui, pour sa part, évoque une stratégie de « resyndicalisation ». Sur les conditions d'élaboration et d'évolution du sens accordé à cette stratégie, cf. notamment Guy Groux, René Mouriaux, La CFDT, Paris, Economica, 1989, p. 206-271.
46. Cette citation est extraite du tract diffusé par les dirigeants de la CFDT après les vives réactions suscitées par leur signature. Ils s'emploient tout particulièrement à valoriser les modifications qu'ils ont « obtenues » en faveur du départ anticipé à la retraite pour les salariés qui ont commencé à travailler entre 14 et 16 ans et d'une revalorisation du taux de remplacement des pensions les plus basses. Ces aménagements sont érigés comme la preuve de leur volonté d'engager des réformes favorables aux salariés les plus démunis. Le refus des autres organisations syndicales de s'en tenir à ces modifications est au contraire associé à leur « opposition à l'harmonisation public/privé » et ainsi à une stratégie de protecteurs invétérés des franges du salariat les plus « privilégiées » au détriment de la solidarité et de l'égalité nécessaires entre l'ensemble des travailleurs.
47. Ces derniers s'étaient essentiellement structurés autour des enseignants grévistes.
48. Les expressions entre guillemets sont extraites d'une note interne diffusée auprès des organisations nationales et locales du G10 en septembre 2003.
49. Le « recentrage » de la CFDT a notamment permis à la centrale cédétiste de contester, surtout à partir du début des années 1990, la position hégémonique qu'occupait alors FO en tant qu'interlocuteur privilégié du patronat et du gouvernement. Dans le même temps, la distanciation croissante de la CGT avec un PCF très affaibli semble éroder la pertinence du principe central de l'anticommunisme par lequel FO entendait se légitimer en faisant valoir la spé- cificité de son indépendance politique. Cf. Jean-Marie Pernot, Syndicats : lendemains de crise?, Paris, Gallimard, 2005, p. 215-228.
50. Expressions extraites du discours de Marc Blondel, au meeting du 13 septembre 2003, au Zénith à Paris.
51. Alain Olive, « Qui a peur de l'UNSA? », Le Monde, 21 juin 2003
52. Depuis 1966 est attribuée une représentativité de droit sur le plan national et interprofessionnel à la CFDT, CGT, FO, CFTC et CFE-CGC, ce qui exclut les organisations autonomes ou récentes. L'un des secrétaires nationaux de la FSU déclare ainsi : « La FSU et la CGT se sont placées au-dessus du lot, ce qui relance le débat sur la représentativité syndicale : la FSU n'est pas reconnue au niveau interprofessionnel, alors qu'elle a démontré sa capacité à rassembler à ce niveau » (« Vers un nouveau paysage syndical », L'Humanité, 27 juin 2003). 4. Au cours de ces quinze dernières années, la CFDT revendique avoir augmenté de 30 % ses effectifs, avec plus de 800 000 adhérents en 2002, et avoir enregistré ses plus grandes progressions dans le secteur privé. Même si les modalités de calcul du nombre d'adhérents restent discutables, différentes études ont pu confirmer ce meilleur enracinement militant de la CFDT dans le secteur privé. Cf. Jean-Marie Pernot, op. cit., p. 203-208.
53. Depuis le milieu des années 1990, la seule fonction publique d'état concentre plus de la moitié des jours de grève recensés par l'administration du travail. Cf. DARES, « Les conflit du travail en 2001 : une légère baisse », Premières Synthèses, 34 (1), août 2003, p. 7. 2. « Partisans de la réforme et usagers veulent faire entendre leurs voix », Le Figaro, 10 juin 2003. « Liberté, j'écris ton nom » ou « La France au boulot » figurent parmi les groupes les plus actifs de ces contre-mobilisations. On rappellera également que le conflit de 2003 a contribué à faire resurgir les débats parlementaires autour de l'introduction d'un « service minimum » des transports publics en cas de grève.
54. Alors que la CGT a érigé l'unité d'action des organisations syndicales comme un principe cardinal de son aggiornamento, la CFDT refuse de considérer cette perspective comme une priorité de son action. Cette posture différenciée face au problème épineux soulevé par l'émiettement du paysage syndical français tient aux profits différents que chacune des deux organisations peut retirer d'une stratégie d'unité syndicale. Cette dernière constitue avant tout pour la CGT une tentative d'échapper à la marginalité dans laquelle la confine le statut d'interlocuteur privilégié de la CFDT face aux pouvoirs publics ou patronaux. Pour la CFDT, une telle stratégie d'unité syndicale apparaît donc au contraire comme un risque de remise en cause de la position sur laquelle elle fonde la légitimité de sa raison d'être et de sa manière d'agir.
55. D'autant plus, on le rappelle, que la réforme était présentée comme un réalignement des régimes du secteur publique sur ceux du privé.
56. Au cours de ce conflit, nous avons relevé 18 articles de la presse écrite nationale consacrés à l'analyse de l'état de l'opinion publique face au mouvement. Cette même prise en compte de l'opinion publique a été également particulièrement visible dans le conflit d'EDF l'année suivante. Cf. Sophie Béroud, Les Robins des bois de l'énergie, Paris, Le Cherche-Midi, 2005.