Le contrôle du corps nourri: Rhétoriques de l'emprise et mouvements de dépossession du sujet

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Volumn 92, Issue 2, 2009, Pages 179-192

  Durif Bruckert, Christine ^a  

^a NONE   (France)

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EID: 77950907938     PISSN: 03373126     EISSN: None     Source Type: Journal    
DOI: 10.3917/cnx.092.0179     Document Type: Article

References (17)

1. Nous remercions D. Vaginay avec lequel nous avons échangé sur ces dimensions anthropologiques et sociales.
2. Cf. notion d'emprise du corps développé par J. M. Brohm, 1982, 2001.
3. Je parle volontiers d'un continuum entre privation ordinaire et privation radicale, sur le mode anorexique ; entre les deux, la distance est grande, mais le chemin est continu, et vise un but commun, douloureux à des degrés divers : maîtriser le corps.
4. Pour plus de développement sur les cadres méthodologiques et les résultats de ces recherches, auxquelles je me réfère régulièrement dans le cadre de cet article, cf. les ouvrages et articles mentionnés en bibliographie.
5. Bachelard, 1986, p. 169.
6. Nous avons été frappé par le fait que ces plaintes sont exprimées par des femmes qui ne présentent aucun trouble objectif de surcharge pondérale : « On est maigre ou on l'est pas, c'est ça va ou ça va pas, si j'ai un kilo de trop, je suis foutu », ont-elles encore exprimé (Durif-Bruckert, 1993).
7. Cela est lisible au travers du mythe du cholestérol, substance construite exclusivement comme apport extérieur, alors qu'elle est sécrétée en partie par le corps lui-même et utile physiologiquement.
8. Cf. Haroche, 2008.
9. Dans le sens où il laisse le corps autant que le désir intacts (suppression de l'attente, du manque, de la frustration) : « Il faut désirer le rien », écrivait S. Weil (1957), « L'anorexique mange le rien », reprend Lacan (1947).
10. Durif-Bruckert (1993). On voit dans cette figure du corps osseux se produire un glissement insidieux entre une dimension esthétique et un désordre anthropologique.
11. Le plaisir, dans une telle logique de slogans publicitaires, ne structure plus le rapport aux choses mais devient un objet extérieur autoconstruit, par sa propre maîtrise, « sur mesure ».
12. Cf. à ce propos l'ouvrage de M. Darmon (2003).
13. L'une des caractéristiques de ce nouvel ordre hygiéniste, comme l'a largement développé Vigarello, « c'est qu'il ne passe plus par les contraintes autoritaires » (1982), mais par une invitation à un recentrage narcissique sur ses sensations : « Se connaître, s'occuper de soi. Le corps insensiblement ouerait un "rôle nouveau" : celui de partenaire qu'il s'agirait d'apaiser, présence à rasséréner pour la rendre cohérente avec le sujet » (2004), subtil renversement entre l'investissement et l'être, étonnante servitude du sujet singulier au service du collectif.
14. Cf. encore les travaux de Terrenoire (1982, 1985) et de Lajoux (1982).
15. En référence au schéma organisateur de la représentation du corps digestif qui ressort comme nous l'avons évoqué précédemment, comme une forme de gestion physiologique et symbolique des différentes formes d'envahissement, de stase et de démesure liées à l'ouverture du corps et à l'événement central de l'incorporation : la transformation de l'aliment en nourriture pour soi (dont la gestion des déchets) à l'origine de l'instauration de la nourriture en objet interne.
16. Nous pensons fondamentalement à l'ensemble des déritualisations de l'acte de manger dans nos sociétés contemporaines.
17. Cette déperdition symbolique est renforcée par la production d'un discours extérieur sur ce qu'il convient de manger (toujours renouvelé en référence à la logique marchande).