Poverty and charity in Saudi Arabia: The royal family, the private sector and the welfare state;Pauvreté et charité en arabie saoudite : La famille royale, le secteur privé et l'état providence

Critique Internationale

Volumn 41, Issue 4, 2008, Pages 137-156

  Le Renard, Amélie ^a  

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EID: 67649324902     PISSN: 12907839     EISSN: None     Source Type: Journal    
DOI: 10.3917/crii.041.0137     Document Type: Article

References (64)

1. « Le 20 novembre 2002, Sa Majesté Royale le prince héritier 'Abdallâh (...) a déclaré la guerre à la pauvreté dans le royaume. Sa visite de foyers pauvres à Riyad a mis en lumière un aspect du développement saoudien qu'aucune des nombreuses statistiques disponibles ne pouvait révéler. Immédiatement, la question de la pauvreté est devenue une haute priorité pour la stratégie de développement du royaume. Un pays ne peut profiter de sa prospérité tant qu'il ne se préoccupe pas de l'ensemble de ses citoyens. » Les traductions d'extraits d'ouvrages en anglais ainsi que celles des entretiens en arabe sont miennes. Extrait de Saudi Arabia: Long-Term Strategy 2025, consultable sur le site du ministère de l'Économie et du Plan (www.planning.gov.sa) (consulté le 4 février 2008).
2. Les Saoudiens noirs sont en général des descendants d'esclaves.
3. Les provinces méridionales ('Asîr, Najrân, Jizân) souffrent d'un sous-développement important par rapport au reste du pays.
4. D'après les statistiques fournies par le Comité supérieur pour le développement de la ville de Riyad, presque une personne sur deux vivant dans le quartier de Shumaysî a la nationalité saoudienne. Selon le ministère de l'Économie et du Plan, les Saoudiens représentaient en 2006 73 % de la population vivant sur le territoire national. La proportion d'étrangers était plus élevée à Riyad : 1,8 million sur 4 millions d'habitants.
5. Al-Jâzî Muhammad Fahd Al-Shubaykî, « Le travail bénévole féminin dans le domaine de la protection sociale en Arabie Saoudite : étude des origines, des motifs et des réalisations » (en arabe), thèse de magistère en sciences sociales, Riyad, université du roi Saoud, 1992, p. 49.
6. Ce qui n'est pas le cas des organisations de charité masculines pour les hommes. La ségrégation spatiale des sexes est très forte en Arabie Saoudite ; sphère féminine et sphère masculine sont d'une manière générale strictement séparées. C'est pourquoi les Saoudiennes parlent de « société féminine ».
7. ère édition 1997).
8. Kiren Aziz Chaudhry, The Price of Wealth: Economies and Institutions in the Middle East, Ithaca, N.Y., Cornell University Press, 1997, p. 26. Voir aussi Daryl Champion, The Paradoxical Kingdom, Londres, Hurst, 2003, p. 83.
9. D. Champion, The Paradoxical Kingdom, op. cit., p. 7.
10. Selon G. Esping-Andersen, l'État providence n'est pas forcément lié à la démocratie (il a plutôt commencé au sein d'États autoritaires comme l'Allemagne bismarckienne) et ne conduit pas forcément à l'égalisation ou à la moyennisation des conditions d'existence des citoyens. Voir Les trois mondes de l'État providence : essai sur le capitalisme moderne, op. cit..
11. Caroline Dufy, Florence Weber, L'ethnographie économique, Paris, La Découverte, 2007, p. 36.
12. Marcel Mauss, Essai sur le don, Paris, PUF, 2007, p. 219-220.
13. Hazem Beblawi, « The Rentier State in the Arab World », dans Hazem Beblawi, Giacomo Luciani (eds), The Rentier State, Londres, Croom Helm, 1987, p. 53.
14. Steffen Hertog, « Segmented Clientelism: The Political Economy of Saudi Economic Reform Efforts », dans Paul Aarts, Gerd Nonneman (eds), Saudi Arabia in the Balance: Political Economy, Society, Foreign Affairs, Londres/ New York, Hurst/New York University Press, 2005.
15. « Les faveurs personnelles offertes dans les pays pétroliers arabes par un dirigeant bienveillant contribuent à brouiller le rôle conventionnel de l'État, qui est de fournir des biens publics via la contrainte que représente principalement le prélè vement de l'impôt. » H. Beblawi, « The Rentier State in the Arab World », cité, p. 53.
16. Pour les plus démunis et non, par exemple, pour les salariés du secteur public (modèle corporatiste). Cf. G. Esping-Andersen, Les trois mondes de l'État providence : essai sur le capitalisme moderne, op. cit..
17. Décrets royaux no 18 et 19 du 18/3/1382 h (19 août 1962).
18. Sur ce processus, voir Christine Moss Helms, The Cohesion of Saudi Arabia: Evolution of Political Identity, Londres, Croom Helm, 1981 ; Ghassan Salamé, Vivian Steir, « Political Power and the Saudi State », MERIP Reports, no. 91, octobre 1980, p. 5-22.
19. Al-Jâzî Muhammad Fahd Al-Shubaykî, « Le travail bénévole féminin dans le domaine de la protection sociale en Arabie Saoudite : étude des origines, des motifs et des réalisations » (en arabe), cité, p. 45.
20. Travail et affaires sociales ont été confiés à deux ministères distincts en 2004.
21. Aujourd'hui, 82 bureaux de la Sécurité sociale sont répartis sur tout le territoire.
22. Al-Riyad, 24 janvier 2006.
23. D'après des statistiques officielles citées par la presse en 2005, la Sécurité sociale bénéficiait à un 1 100 000 personnes, soit 367 000 familles, Al-Sharq Al-Awsat, 22 novembre 2005. Moins de deux ans plus tard, le même journal donne le chiffre de 1 500 000 bénéficiaires (pour une population nationale de 16 500 000), Al-Sharq Al-Awsat, 23 août 2007. Le même chiffre est cité le 21 mars 2008 par Arab News, qui évalue le montant total des pensions et des aides à 5,2 milliards de riyals. Un site officiel donne des chiffres différents pour 2008 (http://www.mofa.gov.sa/ Detail.asp?InSectionID=3982&InNewsItemID=75395) (consulté le 18 février 2008). Un rapport officiel saoudien évaluait quant à lui le budget total de la Sécurité sociale pour l'année 2003 à moins de 3 milliards de riyals dont environ 2,5 milliards pour les pensions. Ministry of Economy and Planning, Human Development Report 2003 (http://www.planning.gov.sa/) (consulté le 4 février 2008).
24. D'après une étude du ministère du Travail et des Affaires sociales réalisée en 2002, 55 % des béné ficiaires de pensions de la Sécurité sociale étaient des personnes âgées (dont 90 % d'illettrés), 34 %, des veufs et veuves, la plupart d'entre eux avaient des familles nombreuses, de quatre à huit enfants, vivaient dans des conditions d'habitat difficiles, 50 % vivaient dans des maisons en terre souvent insalubres et 54 % souffraient de maladies, Al-Sharq Al-Awsat, 10 septembre 2006.
25. Il est très difficile d'obtenir la nationalité saoudienne. Certaines populations qui vivent sur le territoire national probablement depuis plusieurs générations n'ont pas de nationalité. Par ailleurs, les travailleurs immigrés, nombreux et vivant souvent dans des situations très précaires, ne peuvent prétendre à aucune des aides évoquées.
26. Voir Aisha Almana, « Economic Development and its Impact on the Status of Woman in Saudi Arabia », thèse de doctorat de philosophie, University of Colorado, 1981 ; Soraya Altorki, David Cole, Arabian Oasis City: The Transformation of 'Unaiza, Austin, Tex., University of Texas Press, 1989.
27. En Arabie Saoudite, les femmes sont mineures devant la loi dans un grand nombre de domaines et pour un grand nombre de démarches. Le tuteur légal peut être le père, le mari, le frère ou l'oncle.
28. Alexei Vassiliev, The History of Saudi Arabia, Londres, Saqi Books, 2000, p. 306.
29. Paul Veyne, Le pain et le cirque : sociologie historique d'un pluralisme politique, Paris, Le Seuil, 1976. Pour différentes applications contemporaines de ce concept, voir entre autres Fariba Adelkhah, Être moderne en Iran, Paris, Karthala, 1998 ; Boris-Mathieu Pétric, Pouvoir, don et réseaux en Ouzbékistan postsoviétique, Paris, PUF, 2002.
30. A. Vassiliev, The History of Saudi Arabia, op. cit., p. 303-306.
31. Observation faite en mai 2007.
32. Ambiguïté soulignée par Ghassan Salamé, lorsqu'il mentionne l'un des arguments de légitimation des régimes du Golfe : « Associer l'État/famille aux réalisations sociales que le pétrole a rendues possibles : écoles, hôpitaux, centres d'alphabétisation ». Cf. G. Salamé, « Les monarchies arabes du Golfe : quel avenir ? », Politique étrangère, 45 (4), 1980, p. 863. Sur les nombreux domaines dans lesquels la famille royale joue sur la frontière public/privé, voir Bernard Haykel, « On the Virtues and Limits of Private Politics in the Middle East », International Journal of Middle East Studies, 39 (2), 2007, p. 174-176.
33. Ainsi, le centre féminin des Manâhil, situé à l'intérieur du quartier diplomatique et dont les prix sont prohibitifs pour la majorité des femmes saoudiennes, est présenté comme un centre « caritatif » dans la mesure où son but ne serait pas lucratif et où ses éventuels profits seraient reversés à des associations caritatives. D'autres princesses ont récemment créé un spa féminin doté des techniques les plus sophistiquées, et l'ont présenté une fois encore non comme un investissement lucratif mais comme un don à la société, la création de quelque chose d'inédit sur le territoire saoudien.
34. Ma traduction, à partir du texte original en arabe (http://www.shura.gov.sa/ArabicSite/Alaw/AAlaw.htm) (consulté le 21 septembre 2008).
35. Ces aides s'élèveraient pour l'année 2007 à 300 millions de riyals (environ 53 millions d'euros), montant qui aurait été triplé par rapport à l'année précédente. Cf. Al-Sharq Al-Awsat, 23 août 2007. Sur le site du ministère des Affaires sociales, il est précisé que le ministère peut aider les associations et fondations à hauteur de 80 % maximum de leur budget (www.mosa.gov.sa/portal/cdisplay.php?cid= 17) (consulté le 19 février 2008). Le ministère a répertorié 479 organisations caritatives, Arab News, 16 mars 2008.
36. Consultables sur le site du ministère de l'Économie et du Plan (www.planning.gov.sa).
37. Cf. www.mosa.gov.sa/portal/cdisplay.php?cid=17 (consulté le 19 février 2008).
38. La Sécurité sociale aide essentiellement les femmes veuves ayant des enfants mineurs, dès lors considérés comme orphelins.
39. Le taux de chômage est annoncé de manière distincte pour les hommes et pour les femmes, le taux de chômage global (hommes et femmes confondus) étant rarement mentionné. Statistiques annoncées par le ministre du Travail Ghâzî Al-Qusaybî, le 22 novembre 2006, dans le quotidien saoudien Al-Jazîra; pour les statistiques de 2008, voir Arab News, 15 septembre 2008.
40. Au moment du mariage, le jeune homme doit verser un douaire à la mariée ou à sa famille.
41. Malheureusement, le montant global des aides distribuées par ces fondations et associations n'est pas publié.
42. Via le ministère des Affaires sociales qui lui allouerait 300 millions de riyals (environ 53 millions d'euros), Al-Sharq Al-Awsat, 23 août 2007.
43. Cf. Saudi Arabia: Long-Term Strategy 2025, cité.
44. Voir par exemple les campagnes de l'association Al-Nahda (Le Renouveau), mentionnées ci-après, ou encore les conférences de la prédicatrice islamique vedette Asmâ' Al-Ruwayshid sur le bénévolat et ses bénéfices tant en Islam que pour construire la « nation » (conférence à laquelle j'ai assisté au centre social du prince Salmân, 4 mars 2007).
45. Steffen Hertog, Segmented Clientelism: The Politics of Economic Reform in Saudi Arabia, à paraître en 2008.
46. Le 19 janvier 2006, le secrétaire général de la fondation caritative du roi 'Abdallâh pour le logement, Yûsuf Al-'Uthaymîn, a déclaré que le pays avait besoin d'un million d'unités de logement pour que ses pauvres soient logés décemment. Selon lui, 13 000 unités de logement pour les pauvres vont être construites dans les années à venir (cf. Arab News, 19 janvier 2006). Même s'ils ne correspondent probablement pas à la réalité, ces chiffres révèlent le décalage entre le nombre très important de logements nécessaires et celui, très faible, de logements annoncés, faiblesse aggravée par l'absence totale d'un délai de réalisation des projets.
47. Entretien, Riyad, 2007.
48. L'absence de statistiques ne permet pas d'évaluer avec exactitude l'augmentation du poids du secteur caritatif par rapport aux dispositifs d'aide publics.
49. S. Hertog, Segmented Clientelism: The Politics of Economic Reform in Saudi Arabia, op. cit..
50. Durant les années 1990, les écoles privées à Riyad se sont multipliées pour toutes les bourses, y compris les classes moyennes. Les écoles publiques sont désormais ré servées aux enfants des milieux les plus populaires, dont les parents n'ont pas reçu d'éducation et se sont installés récemment dans la capitale.
51. Al-Sharq Al-Awsat, 23 août 2007.
52. e siècle. Avec la hausse des revenus pétroliers, à partir des années 1950, la collecte en est devenue de moins en moins contraignante. Cf. K. Aziz Chaudhry, The Price of Wealth: Economies and Institutions in the Middle East, op. cit., p. 76.
53. Parmi les femmes qui exercent une activité professionnelle, celles qui appartiennent à des familles aisées et qui n'ont donc pas besoin de la totalité de leur salaire - les hommes étant en principe censés subvenir à leurs besoins ainsi qu'à ceux des membres de leur famille - organisent souvent ce type de don, individuel ou collectif, avec des amies ou des membres de leur famille (entretiens menés entre 2005 et 2007).
54. Le secteur des affaires s'est beaucoup développé ces dernières années. Voir Monica Malik, Tim Niblock, « Saudi Arabia's Economy: The Challenge of Reform », dans Paul Aarts, Gerd Nonneman (eds), Saudi Arabia in the Balance: Political Economy, Society, Foreign Affairs, op. cit..
55. D'après les chiffres fournis par l'association, le pourcentage de femmes ayant effectivement trouvé un emploi avec l'aide de l'association représentait en 2005... 3,5 % des demandes.
56. Al-Hayat, 2 janvier 2006.
57. L'un des principaux problèmes rencontrés par le secteur privé, cf. M. Malik, « The Role of the Private Sector », dans Rodney Wilson (ed.), Economic Development in Saudi Arabia, Londres, RoutledgeCurzon, 2004.
58. Sur ce point dans d'autres contextes, voir Béatrice Hibou (dir.), La privatisation des États, Paris, Karthala, 1999.
59. Entretien, Riyad, 2007.
60. Entretien, Riyad, 2006.
61. Entretien avec « A », cité.
62. Entretien avec « B », cité.
63. er septembre 2006.
64. Je remercie Laurence Louër, Steffen Hertog et Thomas Pierret ainsi que les rapporteurs anonymes de Critique internationale pour leurs remarques sur les versions antérieures de cet article.