Food crisis and child malnutrition in Niger: The 2005 Famine reassessed;Crise alimentaire et malnutrition infantile au niger : Le bilan de la « famine » de 2005

Critique Internationale

Volumn 37, Issue 4, 2007, Pages 37-49

  De Sardan, Jean Pierre Olivier ^a  

^a CNRS   (France)

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EID: 66849138211     PISSN: 12907839     EISSN: None     Source Type: Journal    
DOI: 10.3917/crii.037.0037     Document Type: Article

References (18)

1. On trouve en fait toute une gamme de positions exprimant autant de nuances ou de différences dans la perception de la crise.
2. Une excellente analyse générale de cette crise a été présentée dans un rapport d'évaluation conduit par l'IRAM. Cf. Johny Egg, (dir.), évaluation du dispositif de prévention et de gestion des crises alimentaires du Niger : rapport principal, Niamey-Paris, IRAM, 2006. Pour la région de Madarounfa, Mariatou Koné a fait une étude socio-anthropologique de référence, dans le cadre du LASDEL, sur commande de MSF-France (Médecins sans frontières) : cf. M. Koné, La crise alimentaire de 2005 au Niger dans la région de Madarounfa et ses effets sur la malnutrition infantile : approche socioanthropologique, Niamey, LASDEL, 2006. Le présent article reprend en grande partie la préface rédigée pour le rapport final de cette étude. Cf. également Mariatou Koné, Ossouba Touré, évaluation du dispositif de prévention et de gestion des crises alimentaires du Niger durant la crise de 2004-2005 : enquêtes sur les conditions de vie des ménages dans les régions de Maradi et Zinder, Niamey-Paris, IRAM, 2006.
3. Nous n'insisterons pas ici sur les déficits fourragers, qui ont été particulièrement importants dans la zone pastorale du pays et qui ont entraîné une grave crise de l'alimentation animale, souvent passée sous silence du fait de la crise alimentaire humaine.
4. Imprévisible uniquement dans le cadre des systèmes d'alertes actuels, qui restent essentiellement nationaux et trahissent de nombreuses limites.
5. L'OPVN, Office des produits vivriers du Niger, est une structure publique qui a été longtemps chargée de réguler les prix des céréales. Elle est aujourd'hui assez largement discréditée du fait des malversations qui ont ponctué son histoire. Sur les rapports difficiles entre l'OPVN et les commerçants, cf. Emmanuel Grégoire, « L'état doit-il abandonner le commerce de vivres aux marchands ? », Politique africaine, 37, 1990, p. 63-70.
6. En août 2005, le sac de mil se vendait jusqu'à près de 40 000 FCFA alors qu'il vaut d'habitude à la même époque entre 15 000 et 17 000 FCFA.
7. L'importance de la circulation monétaire avait été mise en évidence il y a longtemps par Claude Raynaut (« Circulation monétaire et évolution des structures socioéconomiques chez les Haoussas du Niger », Africa, 47 (2), 1977, p. 160-171) pour la région de Maradi (les compléments alimentaires n'étant qu'une cause de cette circulation parmi bien d'autres : dons et prestations multiples, mariages et baptêmes, pratiques magico-religieuses, habillement, etc.). Entre les mains d'un paysan passent annuellement des sommes dix fois supérieures au revenu de son travail agricole. On a pu parler de « surmonétarisation » (Jean-Pierre Olivier de Sardan, « A Moral Economy of Corruption in Africa? », The Journal of Modern African Studies, 37 (1), 1999, p. 25-52) pour décrire cette pression monétaire permanente, cette quête incessante de cash, qui caractérisent les comportements des populations (et qui explique aussi bien les difficultés de gestion des caisses collectives que le succès du microcrédit).
8. MSF n'avait pas été le seul à cette époque à souligner la gravité de la malnutrition infantile. Cf. le rapport HKI-PAM, évaluation de l'état nutritionnel des enfants de 6 à 59 mois dans les régions rurales de Maradi et Zinder, publié en avril 2005 à partir d'une enquête réalisée en février. Par ailleurs, on ne peut évidemment imputer à MSF la responsabilité des excès des médias par la suite.
9. Cf., entre autres, Doris Bonnet, « Présentation. La notion de négligence sociale à propos de la malnutrition de l'enfant », Sciences sociales et santé, 14 (1) 1996, p. 5-16 ; Myriam Roger-Petitjean, « Représentations populaires de la malnutrition au Burkina Faso », Sciences sociales et santé, 14 (1), 1996, p. 17-40 ; Yannick Jaffré, « Dissonances entre les représentations sociales et médicales de la malnutrition dans un service de pédiatrie au Niger », Sciences sociales et santé, 14 (1), 1996, p. 41-72 ; C. Raynaut, « Aspects socioéconomiques de la préparation et de la circulation de la nourriture en pays haoussa », Cahiers d'études africaines, 68, 1978, p. 569-597 ; C. Raynaut, « Disparités économiques et inégalités devant la santé à Maradi (Niger) », dans Gérard Salem, émile Jeannée (dir.), Urbanisation et santé dans le Tiers Monde. Transition épidémiologique, changement social et soins de santé primaires, Paris, ORSTOM, 1989, p. 477-503 ; Bruno Meslet, « La malnutrition et l'urbanisme en Afrique : le cas de Maradi au Niger », Paris, Université Paris VII, 1988, thèse de médecine ; C. Raynaut, B. Meslet et al., « L'approche sociale de l'alimentation », L'enfant en milieu tropical, 201, 1992 ; CARE International-BARA (Université d'Arizona), évaluation de la sé curité des conditions de vie des ménages dans le département de Maradi, Niamey, Care International Niger and Bara-Université, 1997, chap. 10. Cependant, en faisant le bilan des nombreuses enquêtes nutritionnelles réalisées au Niger en 2005, entre autres par épicentre ou ACH (étude de l'état nutritionnel et du taux brut de mortalité chez les enfants âgés de 6 à 59 mois des zones agricole, agropastorale et pastorale des régions de Maradi et de Tahoua au Niger, 2005), Francis Delpeuch a constaté que « quasiment aucune référence à la situation nutritionnelle des années antérieures ou des pays de la sous-région n'avait été faite » ! La prise en charge de la malnutrition infantile au Niger en 2005 par les « urgentistes » semble avoir été associée à une étonnante absence de prise en compte du contexte historique, sanitaire, social, national. Cf. F. Delpeuch, évaluation du dispositif de prévention et de gestion des crises alimentaires du Niger durant la crise de 2004-2005 : Synthèse concernant les aspects nutritionnels, Niamey-Paris, IRAM, 2006.
10. Les chercheurs du LASDEL ont travaillé dès les années 1990 sur les représentations populaires des maladies infantiles au Niger et ils ont montré que la malnutrition n'était pas une catégorie pertinente pour les mères. Cf. Aboubacar Souley, « Une maladie infantile hausa : tamowa », dans Yannick Jaffré, Adamou Moumouni, Jean-Pierre Olivier de Sardan, Aboubacar Souley, Représentations populaires hausa et songhay-zarma de quelques maladies (entités nosologiques populaires), études et Travaux du LASDEL, 17, 2003. Les symptômes associés à la malnutrition sont en fait renvoyés par celles-ci à diverses entités nosologiques populaires, en hausa comme en zarma, qui ne relèvent pas pour l'essentiel de la compétence de la médecine moderne, mais renvoient aux féticheurs, aux marabouts, aux tradipraticiens et, surtout, aux remèdes de grand-mère. Cf. Y. Jaffré, J.-P. Olivier de Sardan (dir.), La construction sociale des maladies. Les entités nosologiques populaires en Afrique de l'Ouest, Paris, PUF, 1999. Voir également M. Koné, La crise alimentaire de 2005 au Niger dans la région de Madarounfa et ses effets sur la malnutrition infantile : approche socio-anthropologique, op. cit..
11. On pourrait y ajouter le mauvais état nutritionnel des femmes enceintes ou allaitantes. Cf. F. Delpeuch, « Synthèse concernant les aspects nutritionnels », cité.
12. Cf. M. Koné, La crise alimentaire de 2005 au Niger dans la région de Madarounfa et ses effets sur la malnutrition infantile : approche socio-anthropologique, op. cit. et M. Koné, O. Touré, évaluation du dispositif de prévention et de gestion des crises alimentaires du Niger durant la crise de 2004-2005 : enquêtes sur les conditions de vie des ménages dans les régions de Maradi et Zinder, op. cit..
13. M. Koné, La crise alimentaire de 2005 au Niger dans la région de Madarounfa et ses effets sur la malnutrition infantile : approche socio-anthropologique, op. cit..
14. Il faut rappeler que la captation par tous les moyens de la « rente du développement » se pratique largement (cf. infra) et que la « corruption » (au sens large) et les « arrangements » sont généralisés. Cf. Giorgio Blundo, Jean-Pierre Olivier de Sardan (dir.), La corruption au quotidien, Politique africaine, 83, 2001.
15. Ce débat a été repris en partie dans J. H. Jézéquel, « "Ici l'enfant n'a pas de valeur". Sécurité alimentaire, malnutrition et développement au Niger », Rapport pour MSF, 2005. L'auteur y considère que l'assistance alimentaire à court terme (domaine des humanitaires) a été à tort subordonnée au développement et au long terme.
16. Cf. Thomas Bierschenk, Jean-Pierre Chauveau, Jean-Pierre Olivier de Sardan (dir.), Courtiers en développement. Les villages africains en quête de projets, Paris, Karthala, 2000.
17. La fuite des cerveaux, dans un pays comme le Niger, est moins externe qu'interne. Il s'agit du départ des meilleurs éléments de la fonction publique non vers les pays du Nord mais vers les projets, les agences de développement et les institutions internationales.
18. Financés par l'AFD (Agence française de développement), ces travaux sont disponibles dans la série Documents de travail de l'AFD (cf. le site www.afd.fr, rubrique Publications). Le présent texte a été écrit antérieurement à ces enquêtes.