Un parti nationaliste radical en Bulgarie : Ataka ou le mal-être du postcommunisme

Critique Internationale

Volumn 30, Issue 1, 2006, Pages 41-56

  Ragaru, Nadége ^a  

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EID: 45549101234     PISSN: 12907839     EISSN: None     Source Type: Journal    
DOI: 10.3917/crii.030.0041     Document Type: Article

References (18)

1. En 1999, V. Siderov a rejoint le Monitor (Moniteur), quotidien à tendance anti-occidentale et populiste lancé en septembre 1998. Il y a travaillé jusqu'en 2003, date à laquelle il a tenté une première entrée (non réussie) en politique comme candidat indépendant à la mairie de Sofia. La même année, il a lancé une émission sur la chaîne câblée Skat. Diffusée trois fois par jour pendant dix minutes, cette émission intitulée Ataka lui a permis de roder ses slogans.
2. D'un point de vue légal, le Rassemblement national Ataka regroupe quatre organisations politiques : le Parti national-patriotique bulgare, le Mouvement national pour le sauvetage de la patrie (deux formations microscopiques), le Cercle politique Zora (Aurore) et l'influente Union des forces patriotiques et des militaires de réserve, Za·tita (Défense). Au terme d'un accord interne, Siderov a été autorisé à représenter la coalition, enregistrée le 11 mai 2005.
3. Les Pomaks sont une minorité bulgarophone de confession islamique dont le nombre est estimé entre 150 000 et 200 000 membres. La détermination de leur nombre est rendue délicate par les critères utilisés lors des recensements (la langue maternelle, l'appartenance ethnique et la confession). Dans la catégorie « appartenance ethnique », l'option « Pomak » n'est pas proposée ; en outre, tous les Pomaks ne se reconnaissent pas dans ce nom considéré comme péjoratif par une partie des Bulgares musulmans. Les chiffres des experts sont donc établis à partir d'une mise en regard de sources statistiques (nombre de bulgarophones musulmans, par exemple, obtenu par croisement entre les réponses à la question sur la religion et sur la langue) et d'informations qualitatives (recherches ethnographiques dans les régions à peuplement pomak). Yulian Konstantinov avançait, en 1992, le nombre de 270 000 Pomaks - un chiffre qui a décru depuis lors en raison des phénomènes migratoires observés en Bulgarie. Voir Yulian Konstantinov, « "Nation-state" and "Minority" Types of Discourse - Problems of Communication between the Majority and the Islamic Minorities in Contemporary Bulgaria », Innovation, 5 (3), 1992, p. 80 ; Maria Todorova, « Identity (Trans)Formation Among Bulgarian Muslims », dans Beverly Crawford, Ronnie D. Lipschutz (eds), The Myth of "Ethnic Conflict": Politics, Economics, and "Cultural" Violence, Berkeley, International and Area Studies Press, 1998, p. 471-510. La communauté rom est, elle, divisée sur un plan confessionnel entre musulmans, sans doute majoritaires, orthodoxes et protestants (souvent des conversions néoprotestantes récentes). Le nombre des Roms, estimé à 370 908 (4,68 %) par le recensement de 2001 (critère ethnique), avoisinerait les 500 000 à 700 000 d'après des sources officieuses. Voir Elena Maru·jakova, Veselin Popov, Ciganite v Ba-lgarija (Les Roms en Bulgarie), Sofia, Ba-lgarska akademija na naukite, 1993, p. 7-57.
4. Voir « Rendre la Bulgarie aux Bulgares. Vingt principes de l'Union nationale Ataka », Nova zora, 14 juin 2005.
5. En 1999, afin d'obtenir une invitation à ouvrir des pourparlers d'adhésion lors du Sommet européen d'Helsinki (décembre 1999), le gouvernement Kostov avait accepté de fermer les réacteurs 3 et 4 - de fabrication soviétique et alors jugés peu sûrs par les experts occidentaux - de la centrale d'ici la fin 2006. En échange, l'UE proposait des compensations financières.
6. Le 17 février 2005, le Parlement a voté l'amendement à la Constitution du 12 juillet 1991 autorisant la vente de terres à des étrangers à partir de 2014.
7. Voir Schéma de programme de l'Union nationale Ataka, 28 août 2005 (voir point 2, « Sécurité nationale, ordre, anti-mafia et criminalité »), à l'adresse : http://www.ataka.bg/ index.php?option=com-content & task = view & id = 124 & Itemid = 32 (en bulgare)
8. Ibid.
9. Selon les résultats du recensement de 2001, 1 363 personnes de confession juive vivent actuellement en Bulgarie. L'essentiel de la communauté juive a émigré en Israël dans les années 1950.
10. Fin août 2005, les quatre députés qui avaient fait scission s'étaient démarqués de Volen Siderov sur deux points : premièrement, en apportant leur soutien au gouvernement de coalition formé entre le Parti socialiste bulgare (PSB), le Mouvement des droits et libertés (MDL) et le Mouvement national Siméon II (MNSII) ; deuxièmement, en contestant le leadership personnel de V. Siderov sur la coalition. Cette seconde source de contentieux s'éclaire aussi à la lumière d'enjeux financiers : 300 000 leva (environ la moitié en euros) doivent être attribués à la coalition Ataka au titre du financement de sa campagne électorale par l'État. Mais quels en seront les bénéficiaires : les petits partis enregistrés au tribunal et ayant servi de socle à la coalition ou encore le parti politique Ataka, fondé en juillet 2005 ?
11. Le parti de Gan©ev, le Business Block bulgare (BBB), avait alors créé la surprise en remportant 16,78 % des voix au premier tour. Son programme promettait à tous un accès à la prospérité et une défense des intérêts nationaux bulgares, sans toutefois développer un argumentaire raciste.
12. Le « Mouvement des généraux » a été créé en janvier 1998 au sein du PSB par d'anciens responsables de la Sûreté d'État, de la police et de l'armée (d'où le nom de « généraux ») et par des représentants de la nomenklatura économique.
13. Une dizaine d'instituts proposent, en Bulgarie, des enquêtes par sondage, dont les résultats sont souvent controversés et accusés de refléter des priorités partisanes. BBSS Gallup est ainsi marqué à gauche, MBMD à droite. Alpha Research est jusqu'à présent parvenu à préserver une image de relative neutralité. Les données proposées ici doivent cependant être traitées avec la prudence qui caractérise le maniement de toute enquête quantitative.
14. Voir Antonina #eljaskova, « On ne va pas se dépêtrer d'Ataka ». Trud, 3 juillet 2005.
15. Voir Nadège Ragaru, « Un nationalisme sans parti nationaliste : paradoxe de la transition bulgare », Cahiers Anatole Leroy Beaulieu, 4, 1999, p. 99-110.
16. Voir Krassimir Kanev, Emil Cohen, Zhivko Georgiev, « Interethnic Attitudes, Social Distances and Value Orientations », Sofia, juin 2005 (manuscrit).
17. En mai-juin 2005, selon l'Eurobaromètre, l'UE jouissait d'une image positive aux yeux de 60 % des Bulgares (66 % des Roumains, 61 % des Turcs, mais seulement 28 % des Croates). Voir European Commission, Standard Eurobarometer 63, Public Opinion in the European Union, juin 2005, p. 17.
18. L'auteur tient à remercier Boriana Dimitrova, directrice de l'institut de sondage Alpha Research, qui a bien voulu mettre à sa disposition les résultats du sondage de sortie des urnes conduit le 25 juin 2005.