Capitalismes Urbains : Lamontée des firmes d'infrastructures

Entreprises et Histoire

Volumn 30, Issue 2, 2002, Pages 7-31

  Lorrain, Dominique ^a  

^a CNRS   (France)

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EID: 33646222318     PISSN: 11612770     EISSN: None     Source Type: Journal    
DOI: 10.3917/eh.030.0007     Document Type: Article

References (74)

1. Je remercie Patrick Fridenson et Christophe Defeuilley dont les commentaires ont enrichi une précédente version de ce texte.
2. Pour être complet il convient de mentionner le travail précurseur d'Halwachs, resté peu connu en France des « jeunes » sociologues urbains bien qu'il ait adopté une authentique approche matérielle et descriptive. En revanche les enseignements de Marcel Roncayolo ont contribué à le faire connaître des historiens et des géographes. Pour une relecture récente de cet auteur voir C. Topalov, in B. Lepetit et C. Topalov (dir.), La ville des sciences sociales, Paris, Belin, 2001.
3. Les articles publiés par l'International Journal of Urban and Regional Research (IJURR) pour la période 1989-2000 abordent cette question exclusivement à partir des promoteurs, du capital foncier et financier et des planificateurs : Beauregard pour New York et Los Angeles (vol. 15, 1991), Machimura à Tokyo (vol. 16, 1992), Fainstein à New York et Londres (vol. 19, 1995).
4. D. Lorrain, « Gigacity : The Rise of Technological Networks in Daily Life », Journal of Urban Technology, vol. 8, July-September 2001, p. 1-20.
5. Les infrastructures publiques non militaires représentent 27 % du total du stock de capital en 1991.
6. Ce texte se trouve fondé sur des travaux sur les grandes firmes « urbaines » que nous menons depuis dix ans. Pour ce qui concerne l'offre française voir : « Le modèle ensemblier en France », in E. Campagnac (dir.), Les grands groupes de la construction, Paris, L'Harmattan, 1992, p. 71-82,
7. et « La grande entreprise urbaine et l'action publique », Sociologie du Travail, no 2, 1995, p. 199-220.
8. Pour les groupes non français voir la rubrique « Portraits d'entreprises », que nous tenons dans la revue Flux : « Cheung Kong (un conglomérat de Hong Kong) », no 36-37, avril-septembre 1999, p. 61-66.
9. « Bechtel (les ingénieristes américains) », no 38, octobre 1999, p. 72-78.
10. « RWE (les électriciens allemands) », no 39-40, novembre 2000, p.94-103.
11. « Thames Water et Kelda Group (les entreprises anglaises de l'eau) », no 41, juillet-octobre 2000, p. 71-84.
12. « Les entreprises américaines de déchets (1) », no 43, janvier-mars 2001, p. 73-84.
13. « Fiat », no 44/45, avril-septembre 2001, p. 99-107.
14. « Waste Management, les entreprises américaines des déchets (2) », no 48/49, avril-septembre 2002, p. 107-121.
15. « Les industriels japonais de l'environnement (1) », no 50, décembre 2002. Voir aussi « PFI au pays du soleil levant », Annales des Mines/Réalités Industrielles, août 1999, p. 47-50.
16. Les firmes privées, cotées en bourse, ont l'obligation de produire un rapport d'activité annuel ; elles sont suivies par la presse économique qui ausculte leurs décisions, commente leurs résultats. Ces informations ne nous disent pas tout, nous en convenons, mais elles nous en disent bien plus que ce qui est disponible sur les PME et les entreprises publiques : entreprises municipales, régies, sociétés d'économie mixte.
17. F. Braudel, Civilisation matérielle économie et capitalisme, XVe-XVIIIe siècle, 3 tomes, Paris, Armand Colin, 1979. La dynamique du capitalisme, Paris, Arthaud, 1985.
18. A. Chatelain, « Une grande industrie française motrice attardée : le bâtiment », Annales E.S.C., vol. 13, no 3, juillet-septembre 1958.
19. C.P. Kindleberger, Economic Growth in France and Britain : 1851-1950, New York, Simon and Schuster, 1969.
20. C. Araud, Le secteur de la construction : Italie, Suède, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, Paris, Ministère de l'Équipement, DAEI, octobre 1988 à avril 1990, 5 vol. En 2002, le constat demeure le même, en Allemagne : plus de 90 % de l'activité reste assurée par des firmes familiales de taille moyenne, Wall Street Journal Europe, August 26, 2002.
21. Les clients des entreprises privées d'eau sont environ 360 millions dans le monde, soit 6 % de 6 milliards d'habitants. Dans la réalité, ces chiffres agglomèrent des cas où les entreprises prennent tout en charge (privatisation, concessions) et des cas où elles n'assurent qu'une partie du cycle, de sorte qu'à l'arithmétique des 6 % il vaut mieux préférer le chiffre de 5 % maximum. Décomposition des 360 millions : Suez 120, Vivendi-E 100, RWE 56, autres firmes anglaises 50, autres firmes américaines 10, divers 24.
22. Le secteur des déchets est dominé dans les pays industriels par des entreprises publiques de ramassage (à l'exception de la France, des États-Unis et récemment de l'Angleterre) et dans les pays émergents par de très petites entreprises familiales qui relèvent de l'économie informelle (scavengers, récupérateurs).
23. D. Barjot, « De l'entreprise et du marché : l'industrie française des TP (1882-1974) », in Onzièmes entretiens du Centre Jacques Cartier, Lyon, ENTPE, 1999, p. 37-45.
24. L. McCartney, Friends in High Place, the Bechtel Story, New York, Ballantine Books, 1989.
25. A.F. Saba, « Intérêts multinationaux des entreprises italiennes de travaux et de services publics et modèles impérialistes (1896-1940) », in Onzièmes entretiens..., op. cit., p. 75-91.
26. Sur la distinction entre réseaux techniques urbains et grands systèmes techniques, voir notre article « L'oligopole compétitif », Annales des Mines/Réalités Industrielles, octobre 1994, p. 85-90.
27. J.-M. Offner, « Are there such things as small networks ? », in O. Coutard (ed.), The Governance of Large Technical Systems, Londres, Routledge, 1999, p. 217-238.
28. Certaines firmes restent dans cette catégorie pendant plusieurs générations mais dans ce cas elles sortent de notre domaine d'étude et ne participent plus du capitalisme urbain.
29. En fait le nombre de firmes correspondantes est bien plus grand car premièrement, les groupes incluent des firmes de grande taille qui pourraient être étudiées en soi, et deuxièmement, dans notre décompte nous regroupons parfois plusieurs firmes d'une même rubrique dans un pays, voir la note 6.
30. Classement du Financial Times à partir de la capitalisation. « FT 500, The World's Largest Companies », Financial Times, May 11, 2001.
31. laquo; The Global 1000 », Business Week, July 15, 2002.
32. Loi PURPA aux États-Unis dès 1978 ; privatisation du secteur en Angleterre en décembre 1990 ; application de la directive européenne par l'Allemagne en avril 1998.
33. C'est le problème que posent fort bien l'article de Pascal Griset sur AT&T et celui de Christophe Defeuilley sur Enron. En quoi ces groupes ont-ils une dimension urbaine car à l'évidence ils ne font pas partie du « coeur » ?
34. Les frontières peuvent être ténues. Par exemple, Alstom, industriel qui fabrique du matériel roulant, des turbines et d'autres équipements électriques, a remporté un appel d'offres pour moderniser une ligne du métro de Londres (la Northern Line). Dans ce cas la direction de l'entreprise de transport, plutôt que d'acheter les voitures, a préféré les louer au constructeur qui assume de ce fait la maintenance et les réparations ; le fabricant fait un pas en direction de l'exploitation. M. Skapinker, « All change on the Misery Line », Financial Times, May 21, 2002.
35. C'est dans cette rubrique que l'on trouve Cemex, Holdercim, Lafarge et aussi Saint-Gobain ; ce dernier groupe est illustratif des porosités des frontières et de la difficulté qu'il y a à vouloir établir des typologies fermées. Depuis les années 1920, Pont-à-Mousson a une activité d'exploitant de réseaux d'eau (SOGEA). Dans les années 1960, le groupe envisage un rapprochement avec la Lyonnaise des Eaux, cela n'aboutit pas ; il se diversifie dans la maison individuelle et la construction et forme SOBEA. Puis intervient la fusion avec Saint-Gobain. En 1981-82, le groupe entre au capital de la Compagnie générale des eaux et prend le contrôle du 2e groupe de BTP, la SGE. Après 1986, et sa dénationalisation, il se recentre sur l'industrie.
36. On trouve ici Schlumberger ou KSR dans les pompes, Caterpillar, Babcock, Schneider Electric.
37. Trois sidérurgistes japonais sont actifs dans le traitement des eaux et l'ingénierie de dépollution.
38. Si on s'intéresse à la manière dont des modèles entrent en compétition, véhiculent leurs principes, et s'élaborent les stratégies d'influence il faut descendre d'un cran l'observation et s'intéresser à des acteurs plus petits, les consultants, les think-tanks. Ils ont joué un rôle essentiel dans la réhabilitation des idées libérales à la fin des années 1970. D. King, The New Right, Politics, Markets and Citizenship, Chicago, The Dorsey Press, 1987.
39. K. Worpole, « Think-tanks, consultancies and urban policy in the UK », International Journal of Urban and Regional Research, vol. 22, March 1998, p. 147-155. F. McGowan, « Redefining Natural Monopoly and the Narrowing of Networking Ideology in the Electricity Sector », séminaire international The Social Sustainability of Technological Networks, New York, avril 2001, à paraître.
40. On les distingue ici des électriciens du coeur : Eni, Repsol, Norsk Hydro ; ces groupes se situent en amont des premiers, mais dans des marchés ouverts et en croissance ils peuvent entrer dans la production d'électricité indépendante, ou d'autres alliances qui conduisent à brouiller les frontières ou à rendre possibles les échanges entre familles.
41. Li Ka Shin est le fondateur du groupe de promotion diversifié Cheung Kong qui contrôle Hutchinson Whampoa.
42. D. Lorrain, « Le modèle ensemblier », art. cit.
43. M. Lescure, Les banques, l'État et le marché immobilier en France à l'époque contemporaine, 1820-1940, Paris, Éditions de l'EHESS, 1982.
44. Nous avons fait un travail systématique de comparaison des politiques des groupes de BTP en Allemagne, Angleterre, Espagne, France, Hong Kong et Japon, pour arriver à ce résultat.
45. En 1985, Tarmac (qui se transformera en Carillion) alors no 1 pour les maisons individuelles en avait commercialisé 12 085 ; ce chiffre sera ramené à 7 000 en 1993. Une firme familiale comme Costain échappera de peu au dépôt de bilan ; la valeur de son titre sera divisée par 10 de 1989 à la fin de 1993.
46. D. Barjot, Fougerolle, deux siècles de savoir-faire, Caen, Éditions du Lys, 1992.
47. J.-M. Messier, J6M.com. Faut-il avoir peur de la nouvelle économie ?, Paris, Hachette Littératures, 2000.
48. J. Carassus, Économie de la filière construction, Paris, Presses de l'École nationale des Ponts et Chaussées, 1987.
49. Lorsque la hausse des prix dépasse en moyen terme le taux du crédit (situation de taux négatifs) les investisseurs trouvent un intérêt supplémentaire à engager des opérations.
50. N. Miners, The government and politics of Hong Kong, Oxford, Oxford University Press, fifth edition 1998.
51. A. Haila, « Real estate in global cities : Singapore and Hong Kong as property states », Urban Studies, November 2000.
52. Sur Suez voir H. Bonin, Suez du canal à la finance (1858-1987), Paris, Économica, 1987.
53. Pour l'Espagne voir A. Fernandez, « Les entreprises étrangères de services urbains dans les villes espagnoles au XIXe siècle : les cas de Bilbao et Santander », et J.M. Matés-Barco, « The sector of water supply in Spain (1850-1990) », in H. Bonin et al. (eds.), Transnational Companies (19th-20th centuries), Paris, Éditions Plage, 2002.
54. A. d'Angio, Schneider et Cie et la naissance de l'ingé nierie, Paris, CNRS Éditions, 2000.
55. A.F. Saba, « Intérêts multinationaux...», art. cit., p. 75-91.
56. J.M. Matés-Barco, « The sector of water supply...», art. cit., p. 307.
57. A.D. Chandler, Stratégies et structures de l'entreprise, 2e éd., Paris, Éditions d'Organisation, 1989 ;
58. La main visible des managers, Paris, Économica, 1988.
59. W.P. Strassmann et J. Wells (eds.), The Global Construction Industry, Londres, Unwin Hyman, 1988, p. 29. Strassmann in E. Campagnac (dir.), op. cit.
60. Les Échos, 7 juillet 1994. Pour le début de cette histoire voir Alain Jacquot dans ce numéro.
61. Cette dimension locale se retrouve dans une partie des travaux publics. Dans son rapport d'activité pour l'exercice 2001, le président de Colas présente ainsi son activité : « notre carnet est composé d'une multitude de petits chantiers. (Le groupe) en réalise 90 000 par an dans le monde d'un montant moyen de 75 000 euros. Chaque établissement travaille dans un rayon de 25 à 30 km (...). Contrairement à d'autres activités de production à économie d'échelle, et donc centralisées, Colas est une galaxie de 1 200 établissements autonomes répartis à travers le monde ». Rapport annnuel 2001.
62. Voir les électriciens allemands qui jusqu'à 1998 se partageaient le pays en 9 réseaux différents.
63. Veba était la holding coiffant l'électricien du nord, PreußenElectra, Viag coiffant celui de Bavière, Bayernwerk. La fusion des deux donnera naissance à E.ON.
64. Voir C. Defeuilley dans ce numéro et aussi « Enron », rubrique Portrait d'entreprise, Flux, no 46, octobredécembre 2001, p. 76-84.
65. J. Marseille, « La fièvre du chemin de fer », Enjeux - Les Échos, février 2000, p. 114-117.
66. Le premier contrat de la CGE, à Lyon, en 1853, fut signé initialement pour une période de 99 ans. J.M. Matés-Barco relate que la SevilleWater Company signa, en 1882, une concession de fourniture d'eau pour la même durée (art. cit., p. 307).
67. Nous avons développé cet argument dans « Capitalismes urbains : des modèles européens en compétition », L'année de la Régulation, no 6, octobre 2002, p. 197-241.
68. L. Mumford, La cité à travers l'histoire, Paris, Seuil, 1964.
69. Nous les qualifions de « grands paquebots urbains » pour signifier que ces objets complexes offrent toutes les facilités mais fonctionnent détachés du territoire. Sur cette question voir le numéro 49 de Flux, dirigé par Agnès Sander.
70. D. Lorrain, « Retour d'expériences (l'internationalisation de la gestion des réseaux urbains) », Annales des Mines/Réalités Industrielles, 1999, p. 52-59.
71. « The Construction of Urban Services Models », in A. Bagnasco et P. Le Galès (eds.), Cities in Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 2001, p. 153-177.
72. On peut penser que l'échec d'Enron, observable dans le secteur de l'eau bien avant la crise de l'automne 2001, témoigne d'un défaut de culture « institutionnelle » et d'une approche trop immédiatement centrée sur les marchés.
73. Interview par l'auteur d'un chercheur de l'Office of Technological Assessment,Washington, DC, juillet 1993.
74. Voir l'argument développé par Gérard Payen (Suez) dans le débat du présent numéro et la combinatoire autour de trois grandes activités : la construction, l'exploitation, la finance.