The demographic factor in Ireland's movement towards partition (1697-1921);Le facteur démographique dans la marche de l'Irlande vers la partition (1607-1921)

Population

Volumn 51, Issue 6, 1996, Pages 1129-1152

  Courbage, Youssef ^a  

^a Inst Natl d'Etud Demographiques

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ACT OF PARTITION (1921); DEMOGRAPHIC ROLE; GEOPOLITICAL HISTORY; HISTORICAL STUDY; TERRITORIAL CONFLICT;

IRELAND;

EID: 0030417162     PISSN: 00324663     EISSN: None     Source Type: Journal    
DOI: 10.2307/1534381     Document Type: Article

References (80)

1. Cet article reprend la première partie d'une communication «Démographie et politique en Irlande du Nord», communication présentée au colloque Anciennes et nouvelles minorités, Lyon, 5-8 décembre 1995. La deuxième partie porte sur la relation entre la démographie et la politique en Irlande du Nord à partir de la partition de 1921. Elle paraîtra dans les Actes de ce colloque. L'auteur tient à remercier le professeur Paul Compton ainsi que les documentalistes de l'Université de Queens à Belfast, pour toute l'aide intellectuelle et matérielle qu'ils lui ont prodiguée pour la réalisation de cette étude.
2. [The author] «advocates settling Hugenot refugees in the country to secure it to the English protestant interest. [He is afraid] that the native Irish will soon outbreed the English settlers», The True Way to Render Ireland Happy and Secure, Dublin, 1697. Relationships between demography and politics are studied in an historic and geographic context where they are quasi archetypal, namely Ireland and Ulster before the 1921 partition. Migration from Great Britain became denominational during the sixteenth century, and the military occupation of Ireland reinforced both the colonization type of settlement and the plantations of the seventeenth century. In 1659, eighteen per cent of the island's population were Anglo-Scottish, Anglican, and Presbyterian protestants, but this figure rose to 41 per cent in what was to become Northern Ireland. Demographic colonization reduced the percentage of Catholics to 70 per cent in Ireland and 30 per cent in the north in 1732. William Petty's objective was to transfer two-thirds of the catholic population and replace them with Protestants. In spite of this, the number of Catholics never ceased to grow; in 1834 they amounted to 43 per cent of the population of Northern Ireland, the same percent-age as in 1996. Differential migration and fertility account for the increase in the number of Catholics. Much larger numbers of Protestants migrated to Northern Ireland, but Catholics married early and had large families. The upsurge was halted, however, by the principle of impartible inheritance. Latter marriage, too, reduced the birth rates of Catholics. The Great Famine of 1845-1855 resulted in large numbers of emigrants; 6,5 million Irish men and women, 90 per cent of whom were Catholics, left the country. The process was even more marked in Northern Ireland. Thus, at the time of the partition in 1921, the population of Catholics was only half that of Protestants in the six countries which were to become Northern Ireland. In the three other Ulster countries, the number of Protestants had decreased. Demographic factors enabled the set-up of the news boarders in Ireland and in the province of Ulster.
3. e siècle, les intermariages étaient fréquents, de nombreux immigrants anglais ou écossais se convertirent au catholicisme et quelques Irlandais catholiques au protestantisme; voir : Jonathan BARDON, A History of Ulster, The Blackstaff Press, London, 1992.
4. L'Ulster est avec le Leinster, le Munster et le Connacht, l'une des 4 provinces historiques d'Irlande. L'Ulster a toujours constitué la province de prédilection des immigrants britanniques. Cette province comprenait neuf comtés, dont trois furent détachés lors de la création de l'Irlande du Nord en 1921 : Donegal, Cavan et Monaghan. L'Irlande du Nord actuelle comporte six comtés : Antrim, Down, Armagh, Londonderry, Fermanagh et Tyrone. L'identité ulstérienne (plutôt qu'irlandaise) est parfois affichée par les protestants. Mais l'Ulster (avec ses trois comtés très catholiques de Donegal, Cavan et Monaghan) fut toujours beaucoup moins protestant que l'Irlande du Nord.
5. Dans les villes et parfois dans les villages, le tricolore irlandais flotte sur les quartiers catholiques, l'Union Jack britannique sur les quartiers protestants.
6. La partition de 1921 était provisoire. Les négociations actuelles entre le gouvernement britannique et les représentants des différents groupes politiques, nationalistes ou unionistes, visent, entre autres, à définir le statut permanent de la province.
7. Jonathan BARDON, A History of Ulster, op. cit. p. 827.
8. Projet de recherche sur l'économie politique comparée des milices en Irlande du Nord et au Liban, à l'Institut d'études politiques de Paris. Frederick BOAL, «Residential Segregation and Mixing in a Situation of Ethnic and National Conflict : Belfast», in Paul Compton (ed.), The Contemporary Population of Northern Ireland and Population Related Issues, Institute of Irish Studies - The Queens University of Belfast, Belfast, 1981. L'auteur compare les situations de type minoritaire à Belfast et à Beyrouth.
9. Sammy SMOOHA, «Control of Minorities in Israel and Northern Ireland», Comparative Studies in Society and History, no 22, 1980.
10. Jean GUIFFAN, La question d'Irlande, Complexe, Bruxelles, 1994, p. 197.
11. Brendan WALSH, «Vote of Thanks for the paper by Edgard Jardine on "Demographic Structure and its Implication for Constitutional Preference"», Dublin, 1994.
12. Fynes Moryson, qui visita l'Irlande avec les troupes de Lord Montjoy vers la fin du règne d'Elizabeth I, estima qu a la suite des dévastation provoquées par l'occupant, il ne restait plus que 700 000 âmes dans toute l'Irlande; in Herbert WOOD, «Methods of Registering and Estimating the Population of Ireland befor 1864», Journal of Statistical and Social Enquiry of Ireland, XII, 1909, pp. 219-229.
13. L'estimation de Petty est tirée de William PETTY, Political Anatomy of Ireland, London, 1691.
14. «Autant que comme une usurpation foncière, la colonisation doit donc être considérée comme une contribution à un peuplement tardif et encore très incomplet», Jacques VERRIÈRE, La population de l'Irlande, Mouton, 1979.
15. Trois siècles plus tard l'armée française mènera une politique comparable en Algérie. Voir, Youssef COURBAGE et Philippe FARGUES, Chrétiens et juifs dans l'islam arabe et turc, Fayard, Paris, 1992, «L'islam dominé du Maghreb colonial», pp. 119-121.
16. Trois siècles plus tard l'armée française mènera une politique comparable en Algérie. Voir, Youssef COURBAGE et Philippe FARGUES, Chrétiens et juifs dans l'islam arabe et turc, Fayard, Paris, 1992, «L'islam dominé du Maghreb colonial», pp. 119-121.
17. Données établies à l'aide des cartes de l'article «History of Britain and Ireland», de l'Encyclopaedia Britannica, William Benton, London, 1977.
18. Séamus PENDER (ed.), A Census of Ireland circa 1659, Dublin, 1939.
19. Jacques VERRIÈRE, La population de l'Irlande, ouv.cit. p. 46.
20. Colin MCEVEDY and Richard JONES, Atlas of World Population History, London, Penguin, 1978, p. 46.
21. Jonathan BARDON, A History of Ulster, p. 171.
22. Jacques VERRIÈRE, La population de l'Irlande, ouv. cit. p. 49.
23. e siècle, Berger Levrault, Paris, 1930, p. 280.
24. Les ouvrages de Petty sur l'Irlande sont William PETTY, The Political Anatomy of Ireland, London, 1691 et A Treatise of Ireland, London, 1687.
25. Les ouvrages de Petty sur l'Irlande sont William PETTY, The Political Anatomy of Ireland, London, 1691 et A Treatise of Ireland, London, 1687.
26. Yves GOBLET, La transformation de la géographie politique... ouv. cit. p. 299; voir aussi Jacques VERRIÈRE, La population de l'Irlande, ouv. cit. p. 35.
27. Yves GOBLET, La transformation de la géographie politique... ouv. cit. p. 299; voir aussi Jacques VERRIÈRE, La population de l'Irlande, ouv. cit. p. 35.
28. Anonymous, The Abstract of the Number of Protestants and Popish Families in the Several Provinces and Counties of Ireland. Year 1732, Dublin, 1786.
29. Classification souvent adoptée par les démographes contemporains d'Irlande du Nord pour distinguer l'Irlande du Nord à majorité protestante (East of Bann) de celle où la majorité est catholique (West of Bann).
30. Kerby MILLER, Emigrants and Exiles, Ireland and The Irish Exodus to North America Oxford University Press, 1985, p. 137.
31. Kerby MILLER, Emigrants and Exiles, op. cit., p. 232.
32. Kerby MILLER, Emigrants and Exiles, op. cit., p. 160. «Les presbytériens d'Ulster voyaient l'Histoire comme une sorte de pièce morale (morality play), eux-mêmes jouant le rôle des israélites de l'Ancien Testament» Cette haute idée d'eux-mêmes permet de comprendre pourquoi les presbytériens d'Ulster, une fois installés en Amérique, ont joué un rôle hors de toute proportion avec leur effectif, lors de la révolution américaine, puis plus tard, étant très fortement représentés dans les rangs de la haute hiérarchie militaire américaine.
33. Jean GUIFFAN, La question d'Irlande, Complexe, Bruxelles, 1994, p. 27. En 1778, la durée du bail passa à 99 ans. En 1782, les catholiques purent jouir du droit de posséder des propriétés immobilières ou mobilières sans restriction.
34. «Les papistes irlandais ne quitteront jamais le Royaume pour nos colonies, quelles que soient les perspectives de gain» remarquait avec désespoir un juge britannique qui constatait que seuls les protestants émigraient, Kerby MILLER, Emigrants and Exiles, ouv. cit. p. 142.
35. Kerby MILLER, Emigrants and Exiles, ouv. cit. p. 173.
36. Plusieurs milliers de catholiques se seraient cependant enfuis après le soulèvement raté de 1798.
37. L'Ordre d'Orange, né aux lendemains de la bataille de la Boyne, était à l'origine un mouvement plutôt anglican, auquel se rallièrent ultérieurement les presbytériens et autres protestants. Les problèmes que souleva la marche orangiste de juillet 1996 pour commémorer la victoire de Guillaume d'Orange sur les catholiques à la bataille de la Boyne, furent les plus aigus à Drumcree, à la sortie d'une église anglicane (Church of Ireland).
38. Peter GRAY, L'Irlande au temps de la grande famine, Paris, Gallimard Découvertes, 1995, p. 16.
39. De toutes nationalités, mais où les Irlandais étaient majoritaires.
40. Ce qui suggère qu'entre 75 000 et 100 000 catholiques seulement auraient quitté l'Irlande depuis Cromwell.
41. Kerby MILLER, Emigrants and Exiles, ouv. cit. p. 179.
42. Thomas NEWENHAM, A Statistical and Historical Inquiry into the Progress and Magnitude of the Population of Ireland, London, 1805.
43. E. WAKEFIELD, An Account of Ireland, Statistical and Political, London, 1812, p. 630.
44. Cité par Thomas NEWENHAM, A Statistical and Historical Inquiry... p. 309.
45. Quoique de sens contraire à celui qui aurait paru naturel : l'exagération plutôt que la minimisation.
46. Kerby MILLER, Emigrants and Exiles, ouv. cit. p. 150.
47. E. WAKEFIELD, An Account of Ireland, Statistical and Political, p. 576-577.
48. K.H. CONNELL, The Population of Ireland. 1750-1845, Oxford Clarendon Press, 1950, pp. 121-162.
49. Peter GRAY, L'Irlande au temps de la grande famine, ouv. cit. p. 24.
50. E. WAKEFIELD, An Account of Ireland, Statistical and Political, p. 581.
51. Thomas NEWENHAM, A Statistical and Historical Inquiry... ouv. cit. p. 316.
52. Alexis de TOCQUEVILLE, Voyage en Angleterre et en Irlande, Paris, Gallimard, La Pléiade, 1991, p. 532.
53. Jacques VERRIÈRE, La population de l'Irlande, ouv. cit. p. 527.
54. L'interlocuteur de Tocqueville est M. Pointdergast, avocat de Dublin, «fort intelligent, protestant et plein de fanatisme contre les catholiques», Alexis de TOCQUEVILLE, Voyage en Angleterre et en Irlande, ouv. cit. p. 548.
55. L'interlocuteur de Tocqueville est M. Pointdergast, avocat de Dublin, «fort intelligent, protestant et plein de fanatisme contre les catholiques», Alexis de TOCQUEVILLE, Voyage en Angleterre et en Irlande, ouv. cit. p. 548.
56. Alexis de TOCQUEVILLE, Voyage en Angleterre et en Irlande, ouv. cit. p. 583.
57. Kerby MILLER, Emigrants and Exiles, ouv. cit. p. 251.
58. Kerby MILLER, Emigrants and Exiles, ouv. cit., p. 244.
59. Pour les esprits plus pragmatiques, la famine fournirait l'occasion de semer la bonne parole catholique à travers le monde, grâce à l'émigration qui ne manqua pas d'accompagner la catastrophe.
60. Par exemple, Patrice de BEER, «La grande famine en Irlande», Le Monde, 5-6 novembre 1995, ou Peter GRAY, L'Irlande au temps de la grande famine, ouv .cit. qui cite le chiffre de 1 100 000 victimes. Les démographes sont moins maximalistes, voir, S.H. COUSENS, «Regional Death Rates in Ireland during the Great Famine, from 1846 to 1851», Population Studies, Vol. XIV, no 1, July 1960.
61. Par exemple, Patrice de BEER, «La grande famine en Irlande», Le Monde, 5-6 novembre 1995, ou Peter GRAY, L'Irlande au temps de la grande famine, ouv .cit. qui cite le chiffre de 1 100 000 victimes. Les démographes sont moins maximalistes, voir, S.H. COUSENS, «Regional Death Rates in Ireland during the Great Famine, from 1846 to 1851», Population Studies, Vol. XIV, no 1, July 1960.
62. Par exemple, Patrice de BEER, «La grande famine en Irlande», Le Monde, 5-6 novembre 1995, ou Peter GRAY, L'Irlande au temps de la grande famine, ouv .cit. qui cite le chiffre de 1 100 000 victimes. Les démographes sont moins maximalistes, voir, S.H. COUSENS, «Regional Death Rates in Ireland during the Great Famine, from 1846 to 1851», Population Studies, Vol. XIV, no 1, July 1960.
63. En 1847 cependant les comtés de l'Antrim et de l'Armagh furent indirectement touchés par la famine, à cause des épidémies propagées par des réfugiés du Connacht, Peter GRAY, L'Irlande au temps de la grande famine, ouv. cit. p. 57.
64. D'après le voyageur G. de Beaumont cité par Jacques VERRIÈRE, p. 519.
65. Les catholiques se convertirent parfois pour bénéficier de l'assistance caritative protestante, Peter GRAY, L'Irlande au temps de la grande famine, ouv. cit. p. 84, Kerby MILLER, Emigrants and Exiles, ouv. cit., p. 297.
66. Les catholiques se convertirent parfois pour bénéficier de l'assistance caritative protestante, Peter GRAY, L'Irlande au temps de la grande famine, ouv. cit. p. 84, Kerby MILLER, Emigrants and Exiles, ouv. cit., p. 297.
67. Le Times de Londres en 1848, cité par Kerby MILLER, p. 307.
68. A. de TOCQUEVILLE, Voyage en Angleterre et en Irlande, ouv. cit. p. 565.
69. Le taux net d'émigration y avoisina 10,3 p. 1 000, soit moins que dans le Connacht (13,8 p. 1 000) ou le Munster (15,6 p. 1 000) mais sensiblement plus que dans le Leinster (7,5 p. 1 000).
70. Kerby MILLER, Emigrants and Exiles, ouv. cit. p. 376.
71. L'adage populaire protestant est Home Rule is Pope Rule (l'Autonomie est le règne du Pape).
72. Maurice GOLDRING, Gens de Belfast. Deux peuples sans frontières, Paris, L'Harmattan, 1992, p. 123.
73. Maurice GOLDRING, Gens de Belfast, ouv. cit. p. 124.
74. Il est possible que la mortalité n'ait pas été très différenciée non plus. Peter GRAY, L'Irlande au temps de la grande famine, ouv. cit, p. 32 constate que les Irlandais avant la famine, étaient relativement mieux nourris et en meilleure santé que la majorité des habitants des autres pays d'Europe. Il est cependent difficile de traduire l'état santé relatif des deux communautés en indicateurs de mortalité.
75. Calculés par Jacques VERRIÈRE, La population de l'Irlande, ouv. cit. p. 499. Avec les mêmes données et une méthodologie différente, Cormac O. GRADA, «New Evidence on the Fertility Transition in Ireland 1880-1911», Demography, Vol. 28, no 4, November 1991, trouve des indices de fécondité légitime Ig (par rapport à la fécondité naturelle) plus élevés dans les comtés les plus catholique : Fermanagh : 778, Tyrone : 730, Londonderry : 725 que dans les comtés plus protestants de l'Antrim : 598 et du Down : 649.
76. Calculés par Jacques VERRIÈRE, La population de l'Irlande, ouv. cit. p. 499. Avec les mêmes données et une méthodologie différente, Cormac O. GRADA, «New Evidence on the Fertility Transition in Ireland 1880-1911», Demography, Vol. 28, no 4, November 1991, trouve des indices de fécondité légitime Ig (par rapport à la fécondité naturelle) plus élevés dans les comtés les plus catholique : Fermanagh : 778, Tyrone : 730, Londonderry : 725 que dans les comtés plus protestants de l'Antrim : 598 et du Down : 649.
77. William MACNEIL, Population and Politics since 1750, University Press of Virginia, London, 1990.
78. Jacques VERRIÈRE, La population de l'Irlande, ouv. cit. pp. 473-475. En outre, Verrière pense que l'Église catholique n'est pas à l'origine de ce nouveau régime démographique, elle l'a seulement adouci en aidant les fidèles à vivre dans la chasteté, sans pousser directement les catholiques au célibet.
79. L'Ordre d'Orange, par exemple, est officiellement fermé aux femmes.
80. L'explication est de W. MACNEIL, Population and Politics since 1750, ouv. cit.